Un bloc « 3 en 1 » pour une maçonnerie 2.0

Un bloc de maçonnerie structurel, combinant excellences thermique et acoustique : le Thermibloc, fabriqué par l'industriel breton Xelis, multiplie les performances. L'entreprise Art Bati l'a bien compris et le met en œuvre depuis 2012 sur ses chantiers. Ce procédé favorise le travail en mode collaboratif, avec le BIM en ligne de mire.
11:0006/09/2018
Rédigé par FFB Nationale
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Bâtimétiers Numéro 52 | Septembre 2018

Lorsque Sébastien Cerclet reprend fin 2007 l'entreprise de gros œuvre Art Bati, basée à Étrelles (Ille-et-Vilaine), et sa trentaine de salariés, il ne se doute pas que la crise des subprimes en cours aux États-Unis entraînera bientôt une crise économique mondiale. dont des répercussions majeures se feront sentir dans le secteur du bâtiment hexagonal. Malheureusement, l'entreprise est vite touchée de plein fouet : « J'ai dû rapidement, pour ne pas mettre la clé sous la porte, trouver des solutions pour nous démarquer de nos concurrents », se souvient Sébastien Cerclet. Fort de son expérience professionnelle diversifiée - 12 ans au sein de Vinci, puis près de 4 ans chez un industriel du coffrage - le jeune dirigeant de cette PME décide de miser sur l'innovation. « J'ai lancé dans l'entreprise une réflexion globale sur la possibilité de proposer des variantes techniques lors des appels d'offres », résume-t-il. Cette réflexion collective l'amène en 2012 à se rapprocher en voisin de l'industriel Xelis, basé dans la même ville, qui lance alors son procédé Thermibloc. « Nous sommes partis à l'inconnu pour réaliser le premier programme français utilisant cette solution constructive innovante. » Car le Thermibloc est un procédé inédit : il s'agit d'un bloc de coffrage structurel en béton de bois intégrant un procédé performant d'isolation thermique par l'extérieur (ITE). Les différentes fonctions sont réparties dans les alvéoles du bloc : les cellules de la face extérieures contiennent une mousse isolante intégrée en usine permettant d'atteindre d'excellentes performances thermiques, en supprimant totalement les ponts thermiques : jusqu'à R=8,30 m2.K/W. Une fois les blocs empilés sur le chantier, les cellules intérieures sont quant à elles remplies de béton sur une épaisseur de 12 à 22 cm en une ou plusieurs fois sur la hauteur d'un étage. Au-delà de sa fonction structurelle, ce voile béton ajoute de l'inertie pour un confort thermique optimal. La présence de fibres de bois, produites localement par une scierie, confère au produit d'excellentes performances acoustiques, permettant de satisfaire à la réglementation « lorsque l'isolement requis est égal à 30 dB », précise l'Avis technique du Thermibloc, initialement attribué en 2012.

Des qualités environnementales et économiques

« Globalement, l'avantage de ce procédé est double, expose Sébastien Cerclet. Son caractère entièrement recyclable et la double isolation le font d'une part entrer de plain-pied dans le cadre de la future réglementation E+C-. D'autre part, le fait qu'il soit préfabriqué facilite sa mise en œuvre et permet de réduire le temps de construction, ce qui génère des économies globales sur le chantier. Le procédé pourrait être comparé à un prémur isolé, mais à la différence de celui-ci, le Thermibloc est manuportable et il possède des performances d'isolation thermique et acoustique supérieures malgré une épaisseur plus faible », expose Sébastien Cerclet. Pour le maçon, les caractéristiques du Thermibloc se distinguent de celles d'un bloc béton classique par plusieurs aspects, notamment par ses grandes dimensions. D'un poids maximum de 25 kg par unité, il ne faut en effet que 3,5 blocs environ pour constituer 1 m2 de mur, ce qui accélère la mise en œuvre. La pose se fait à sec, aucun mortier de colle n'étant nécessaire. Aux côtés des blocs des parties courantes, la gamme compte tous les blocs spéciaux nécessaires à la réalisation des points singuliers d'une construction : blocs d'angles, de linteau, d'extrémité ou de coupe. « La découpe des blocs sur chantier nécessite l'utilisation d'une scie particulière », note Sébastien Cerclet.

Un travail collaboratif facilité

La gamme offre en outre un avantage spécifique : la possibilité d'intégrer tous les réseaux d'électricité, de plomberie ou d'aspiration centralisée dans les alvéoles intérieures avant coulage. « Cette intégration nécessite un travail de préparation important en amont avec les autres corps d'état techniques pour mettre au point le phasage d'intervention des uns et des autres, explique Sébastien Cerclet. En cela, le procédé est totalement en phase avec le caractère collaboratif du BIM, qui se démocratise par ailleurs sur les chantiers. » Une fois les contraintes des différents corps d'état techniques exprimées, le bureau d'études structure les intègre en amont, ce qui permet de définir un phasage précis et de donner des instructions claires à chacun des intervenants. « Le temps passé à la préparation du chantier est largement récupéré une fois sur le chantier, puisque les principaux noeuds de contraintes sont vus et dénoués très tôt », estime Sébastien Cerclet.

Un intérêt grandissant

Côté budget, si le coût de construction est légèrement supérieur à celui des techniques courantes de gros œuvre et d'isolation (entre + 10 % et + 15 %), les économies d'énergie réalisées génèrent un retour sur investissement de l'ordre d'une quinzaine d'années. C'est pourquoi le procédé intéresse particulièrement les bailleurs et gestionnaires de long terme, ainsi que les particuliers.

« Depuis 2012, nous avons réalisé plusieurs maisons individuelles et trois grosses opérations d'immeubles collectifs (chiffre d'affaires de 1 million d'euros et plus) », détaille Sébastien Cerclet. L'opération « Les jardins du Mée », actuellement en construction à Vitré (Ille-et-Vilaine) pour le compte d'un promoteur rennais, est, avec ses 23 logements, la plus importante jamais réalisée avec le Thermibloc à ce jour (CA de 1,1 million d'euros de gros œuvre). Pour Art Bati, cette belle aventure pourrait se prolonger prochainement avec le groupe Intermarché, bien implanté dans l'Ouest, qui pourrait confier à l'entreprise la réalisation de ses futurs bureaux à Angers.

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