Sur le marché du travail,
les métiers en tension
témoignent des déséquilibres
persistants entre l’offre et
la demande. Parmi les secteurs
les plus touchés, le bâtiment
occupe une place centrale, du
fait de difficultés structurelles de
recrutement.
Le bâtiment : indicateur
de tension plus élevé
que l’informatique, la santé
ou l’hôtellerie-restauration
Selon les données croisées de
la Dares et de France Travail, le
secteur du bâtiment et des travaux
publics (BTP) fait face à
des difficultés de recrutement
particulièrement marquées. En
2023, l’indicateur de tension sur
le marché de l’emploi y ressort
le plus élevé parmi les grandes
familles professionnelles de plus
d’un million d’emplois, dépassant
notamment l’informatique, la
santé ou l’hôtellerie-restauration
(cf. figure 1).
En réalité, cette tension s’inscrit
dans une tendance de long terme :
depuis 2016, l’indicateur global
pour l’ensemble du secteur BTP
est en croissance continue. Au
sein de ce secteur, les 21 métiers
spécifiquement liés au bâtiment
atteignent même le niveau de
tension le plus élevé (classe 5) à
partir de 2022 (cf. figure 2).
Cinq métiers affichent une forte
tension structurelle, constatée
chaque année sur la période
2011-2023. Il s ’agit d es cadres
des études et du contrôle technique
du BTP, des conducteurs
de travaux et chefs de chantier
non-cadres, des techniciens du
bâtiment, des couvreurs ainsi
que des artisans de la pierre.
Une tension portée par
quatre facteurs principaux
L’analyse réalisée entre 2021
et 2023 met en lumière quatre
facteurs majeurs qui expliquent
ces tensions rencontrées par la
plupart des métiers du secteur.
Le premier est une forte intensité
d’embauche, c’est-à-dire un
nombre important de recrutements
par rapport aux effectifs
en place, traduisant un besoin
fréquent de renouvellement ou
d’augmentation des équipes.
Le deuxième facteur est l’inadéquation
géographique entre les
offres et les demandes d’emploi
: les postes à pourvoir sont
souvent localisés loin des zones
où résident les candidats, ce qui
complique le recrutement.
Troisièmement, l’inadéquation
emploi-formation reflète un
décalage entre les compétences
acquises lors des formations
proposées et celles réellement
attendues par les employeurs
sur le terrain.
Enfin, les conditions de travail
contraignantes – métiers « physiques
», horaires décalés ou
environnement difficile – jouent
un rôle important dans la difficulté
à attirer et fidéliser les professionnels.
Ces facteurs permettent de
mieux comprendre les tensions
à l’oeuvre dans le secteur, même
si leurs impacts varient selon les
métiers. Par ailleurs, des indicateurs
complémentaires peuvent
s’ajouter en fonction des spécificités
propres à chaque famille
de métiers.