Nuisances sonores : que dit la réglementation ?

Les conséquences du bruit sur la santé sont aujourd’hui documentées et reconnues, tant sur le plan physiologique (perte d’acuité auditive) que psychologique (perturbation du sommeil et du comportement). Le respect de la réglementation permet aux professionnels de prévenir de potentiels conflits, d’autant plus difficiles à résoudre que la sensibilité au bruit est propre à chaque individu.
9:4215/09/2025
Rédigé par FFB Nationale
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Bâtimétiers Numéro 80 | septembre 2025

Très complète, la législation en la matière est néanmoins éparpillée entre différents textes. La loi no 92-1444 du 31 décembre 1992, dite « loi Bruit », constitue ainsi le premier texte global en matière de prévention des nuisances sonores, en particulier celles liées aux objets, activités bruyantes, infrastructures terrestres et aériennes. Ce texte renforçait la législation existante dont les principales dispositions demeurent codifiées dans le Code de l’environnement aux articles L. 571-1 à L. 571-10 et R. 571-1 à D. 571-104.

 

Mais il faut aussi se référer, pour les bâtiments neufs et les rénovations, au Code de la construction et de l’habitation (articles L.154-1 à L.154-4 et R. 154-1 à R. 154-7) et, pour les bruits de voisinage, incluant les bruits de chantier, au Code de la santé publique (articles R. 1336-1 à R. 1336-16). Des arrêtés locaux peuvent en outre se superposer à la réglementation nationale, le maire ayant un pouvoir de police en matière de nuisances sonores.

 

Des sanctions sont prévues dans le cadre de cet arsenal législatif, allant du versement de dommages et intérêts aux victimes jusqu’à la sanction pénale si la gêne est constitutive d’une infraction. Sans parler, naturellement, de l’obligation d’entreprendre les travaux pour faire cesser les nuisances et se conformer à la réglementation.

 

Bâtiments d’habitation

 

Le Code de la construction et de l’habitation prévoit que les bâtiments d’habitation, incluant les maisons individuelles, soient « conçus, construits, rénovés et équipés de façon à limiter les niveaux de bruits à l’intérieur des locaux et leur conférer une qualité acoustique propre à leur usage, dans un contexte d’utilisation normale des bâtiments et locaux compte tenu des nuisances sonores habituelles issues des lieux avoisinants ».

 

Depuis janvier 2013, à l’achèvement des travaux pour toute construction d’un bâtiment à usage d’habitation, le maître d’ouvrage doit ainsi fournir à l’autorité ayant délivré l’autorisation de construire une attestation de prise en compte de la réglementation acoustique. Si la réglementation spécifie des seuils d’isolement aux bruits extérieurs (notamment ceux issus des infrastructures de transport terrestre) et impose une certaine qualité d’isolation acoustique pour affaiblir les bruits aériens, bruits de choc et bruits d’équipement, le seul respect de ces seuils ne suffit pas toujours à garantir le confort acoustique des occupants.

 

Il convient donc de réfléchir à l’emplacement des équipements bruyants, en particulier les équipements de génie climatique, et de les désolidariser de la structure du bâtiment pour empêcher la propagation des vibrations. Idem pour les réseaux aéraulique, hydraulique, frigorifique, les gaines techniques… (voir Bâtimétiers no 79). Attention : avec l’amélioration continue et la démocratisation des techniques d’isolement des bruits extérieurs, est observée une plus grande sensibilité aux bruits internes aux bâtiments, en particulier les bruits basse fréquence – vibrations, sifflements, écoulements… – qui s’avèrent complexes à traiter s’ils n’ont pas été anticipés.

 

Le bruit des pompes à chaleur est également encadré, principalement dans la réglementation « bruits de voisinage », et est à prendre en compte au moment de l’installation. Un outil gratuit développé par l’AFPAC permet de s’assurer du meilleur emplacement pour le groupe extérieur.

 

Travaux de rénovation

En matière de rénovation, peu d’obligations réglementaires sont spécifiées, hormis :

 

  • lorsqu’il s’agit de création de logements (par exemple transformation de bureaux), nécessitant un permis de construire ou de surélévation et d’extension nécessitant PC ou DT ;
  • en cas de travaux de rénovation lors d’une opération de rénovation globale ou en cas de travaux impliquant une obligation d’isolation thermique, en zone de fort bruit (arrêté du 13 avril 2017). De façon générale, lors de travaux de rénovation, la règle de base est de ne pas dégrader l’existant en matière d’acoustique. De plus, une vigilance particulière est de mise vis-à-vis des règlements de copropriété qui peuvent comporter des prescriptions acoustiques en matière de travaux de rénovation.

 

Hôtels, bâtiments d’enseignement et établissements de santé

 

Les caractéristiques acoustiques applicables à ces trois types de construction sont précisées par trois arrêtés du 25 avril 2003 ainsi qu’une circulaire relative aux modalités d’application de la réglementation acoustique des bâtiments autres que d’habitation, également du 25 avril 2003. Cette dernière établit des exigences minimales d’isolement aux bruits aériens extérieurs et aux bruits aériens intérieurs, ainsi qu’un seuil à ne pas dépasser pour les bruits de choc perçus.

 

Des exigences qui imposent aux professionnels de recourir quasi systématiquement à un bureau d’études acoustiques, pour optimiser l’emplacement des équipements bruyants, le choix des équipements sur des critères acoustiques ou encore le cheminement des réseaux de distribution, conduits et canalisations, en prenant aussi en compte la dimension psychologique : à puissance sonore équivalente, un équipement caché sera perçu comme moins bruyant.

 

Bâtiments tertiaires

 

L’acoustique des immeubles de bureaux ne fait l’objet d’aucune exigence réglementaire. En revanche, la norme NF S31-080 « Bureaux et espaces associés » décrit trois niveaux de performance (courant/performant/très performant) selon le type d’espace (bureaux individuels, bureaux collectifs, espaces ouverts).

 

Activités industrielles, artisanales ou commerciales

 

Concernant les activités industrielles, artisanales ou commerciales ne relevant pas du régime ICPE (installations classées pour la protection de l’environnement), l’article R. 1336-7 du Code de la santé publique fixe des émissions sonores limites : l’émergence du bruit perçu par autrui ne doit pas être supérieure à 5 dB(A) en période diurne et 3 dB(A) en période nocturne, valeurs auxquelles s’ajoute un terme correctif en fonction de la durée. Il convient donc de distinguer la puissance sonore émise par les équipements qui fonctionnent en continu de celle émise par des équipements qui fonctionnent par intermittence.

 

De même, il faudra apprécier le niveau de bruit de l’environnement du bâtiment concerné, ainsi que les éléments susceptibles d’accentuer le bruit, par réverbération notamment, ou de l’absorber. Ceci pour dissocier la puissance sonore de la pression acoustique, qui elle seule révèle le bruit perceptible dans un environnement donné, dont l’émergence observe une échelle logarithmique. Dans tous les cas, il est aujourd’hui primordial de sensibiliser les clients à la question du confort acoustique des occupants, et d’inclure aux devis, dès que cela est justifié, une option consistant à être mieux-disant que la réglementation en la matière, en recourant aux dernières technologies disponibles.

Zoom sur les chaufferies

L’arrêté du 23 juin 1978 modifié en 2005 limite le niveau de pression acoustique engendrée par une chaufferie à :

  • 30 dB(A) dans les logements, bureaux ou zones accessibles au public lorsque la chaufferie se situe dans le même bâtiment que les locaux concernés ;
  • 50 dB(A) à 2 m des façades des bâtiments voisins d’habitation, de bureaux ou recevant du public, y compris du bâtiment contenant la chaufferie s’il est habité.
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