Musée d'arts de Nantes : un modèle de réhabilitation en entreprise générale

Après un premier appel d'offres en lots séparés mal engagé, la rénovation du musée d'Arts de Nantes a été menée à bon port par une entreprise générale, qui a mis en place une organisation coordonnée du chantier, à l'origine d'une réduction des délais et du coût global des travaux. Une option qui se révèle pertinente pour les projets complexes de réhabilitation.
11:0019/03/2020
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Bâtimétiers Numéro 58 | Mars 2020

Depuis sa réouverture en juin 2017, à l'issue de trente et un mois de travaux, le musée d'Arts de Nantes propose aux amateurs de beaux-arts ses collections du XIXe siècle et contemporaines, dans un environnement muséal idéal. Mais la réhabilitation et l'extension de ce palais de 12 000 m² datant de 1893 n'ont pas été chose facile. À l'issue du concours d'architecture, lancé en 2009, le maître d'ouvrage Nantes Métropole retient le projet imaginé par le cabinet d'architecture londonien Stanton Williams, qui se déroule en deux phases : la construction et la livraison d'extensions neuves sur 5 000 m², dont le bâtiment Le Cube, et l'agrandissement du palais principal en sous-sol avec deux niveaux supplémentaires à réaliser en sous-œuvre, tandis que le musée reste ouvert ; puis la réhabilitation du palais dans un second temps. L'appel d'offres, lancé sur cette base en lots séparés, se traduit par un fort dépassement sur les lots importants comme le gros œuvre. D'autre part, des sondages géotechniques complémentaires effectués en 2011 et 2012 révèlent d'importantes veines d'eau en sous-sol, ce qui entraîne une révision du projet et notamment la suppression du deuxième sous-sol. Face à cette situation présentant de forts risques, Nantes Métropole prend la décision de relancer le marché en septembre 2013, mais cette fois en entreprise générale. Le marché est finalement attribué par la commission d'appel d'offres à Quille Construction, devenue depuis Bouygues Bâtiment Grand Ouest, filiale locale de Bouygues Construction.

Un management global du projet

Une fois désignée, l'entreprise attributaire met en place une organisation adaptée pour mener à bien cette opération de grande ampleur. « Nous avons mobilisé sur le chantier une équipe de vingt ingénieurs tous corps d'état, spécialisés en réhabilitation, raconte Jacques Larrignon, son directeur commercial. En association avec nos bureaux d'études et des experts, ils ont appréhendé toute la complexité du projet et imaginé un scénario global et coordonné pour surmonter toutes les difficultés et livrer un ouvrage de haute qualité dans les délais. » L'entreprise générale a contracté avec pas moins de 132 sociétés, presque toutes implantées régionalement, afin de réunir l'ensemble des savoir-faire d'excellence nécessaires au projet. Le site étant fermé pendant les travaux, toutes les interfaces ont été anticipées et intégrées au planning, avec une logistique très poussée et une organisation des accès qui leur a permis de travailler en bonne intelligence. Par exemple, le percement de la façade, qui a rendu possible le passage des visiteurs des grandes salles du palais aux espaces contemporains du bâtiment neuf (Le Cube), a été soigneusement phasé en deux temps, en tenant compte des impératifs tous corps d'état et sans mettre en péril la stabilité de la structure. Pour rattraper le temps perdu, la décision a été prise de réaliser cinq chantiers en simultané, avec une organisation commune à toutes les entreprises, depuis les travaux en sous-œuvre jusqu'à la construction des bâtiments neufs (voir encadré).

Chantier plus court et projet moins cher

En définitive, cette organisation a permis de réaliser le projet pour un montant global de 48,8 millions d'euros HT, soit 10 millions d'euros de moins que le budget estimé par la ville de Nantes, et de livrer la totalité des ouvrages - palais réhabilité et extensions neuves - en janvier 2017, soit seize mois avant la date de livraison souhaitée par le maître d'ouvrage. Bouygues Bâtiment Grand Ouest insiste sur le fait que cette performance a été obtenue dans le respect le plus strict des règles de sécurité, en termes de cheminements, de risques liés au travail en hauteur ou encore de protection incendie, notamment au moyen de rondes quotidiennes avec des caméras thermiques pour détecter tout point chaud. « Notre valeur ajoutée réside dans la capacité à imaginer l'organisation de chantier optimale pour répondre aux attentes des maîtres d'ouvrage, et à viser un objectif "zéro réserve" à la livraison des bâtiments, ajoute Jacques Larrignon. Elle se révèle particulièrement pertinente sur les grands projets complexes comme le musée d'Arts de Nantes. »

L'innovation était également au rendez-vous, avec la façade sud du bâtiment Le Cube, réalisée grâce à l'incrustation de feuilles de marbre de 3 mm d'épaisseur (issues des carrières de Vigara, au Portugal) entre deux panneaux verriers, dont le rétroéclairage donne l'impression aux visiteurs d'être à l'intérieur d'un cube de marbre. Un procédé sous ATex qui a contribué à l'obtention d'un prix American Architecture 2017, catégorie « Restauration, rénovation et muséographie », et de l'Apollo Award 2017 « Museum Opening of the Year », et qui constitue la signature architecturale du projet.

Cinq chantiers simultanés

Réalisation de 1 700 m²
de locaux nobles en sous-œuvre (auditorium, stockage d'œuvres) par l'excavation de 12 000 m³ de terrain, jusqu'à 6,5 m de profondeur, au moyen d'engins de type minier adaptés et en suivant un plan de circulation précis, après avoir percé le parvis existant.

 

Restauration des 8 000 m²
de façades extérieures et des 15 statues ornementales en pierre, et adaptation des menuiseries en chêne du rez-de-chaussée avec des doubles vitrages, sous le contrôle des Architectes des bâtiments de France.

 

Restauration de 3 800 m²
de verrières sur deux niveaux, tout en préservant l'étanchéité du toit pour ne pas dégrader les 9 000 m² de parquets et sols existants, avec dépose des ossatures secondaires aux joints amiantés et encapsulage de la peinture au plomb.

 

Rénovation des 12 000 m²
de salles d'exposition et du hall d'accueil, jusqu'à 9 m de hauteur sous plafond, rénovation des parquets et portes monumentales, réalisation d'une isolation thermique, du contrôle de la température et de l'hygrométrie, et d'un éclairage proche de la lumière naturelle, conformément aux demandes des conservateurs.

 

Réalisation des constructions neuves, dont le bâtiment contemporain Le Cube, le jardin, le bâtiment Le 14 et la galerie de mise en liaison avec la chapelle de l'oratoire, en tenant compte de la fragilité des bâtiments mitoyens.

En savoir plus

EGF.BTP (Entreprises générales de France.BTP), tél. : 01 40 69 52 78, www.egfbtp.com

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