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Décarbonation des chantiers : relever le défi des matériels

Entre exigences RSE et innovations technologiques, les matériels bas carbone s’affirment comme un levier prometteur pour réduire l’empreinte écologique des chantiers, malgré de puissants freins économiques.
15:3913/03/2025
Rédigé par FFB Nationale
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Retrouvez ce dossier dans notre revue Bâtimétiers
Bâtimétiers Numéro 78 | mars 2025

La décarbonation est devenue un sujet incontournable pour les entreprises de gros œuvre. Si la RE 2020 a essentiellement concentré les efforts sur les matériaux, les émissions liées aux matériels de chantier gagnent en attention.

 

Certes, leur impact direct reste limité – ils représentent entre 10 et 20 % des émissions totales d’un chantier de bâtiment – mais à l’heure où les maîtres d’ouvrage intègrent désormais des exigences RSE dans leurs appels d’offres, chaque levier compte.

 

Adopter une stratégie volontariste en matière de matériels peut dès lors devenir un argument différenciateur. Mais quelles pistes emprunter ? Les équipements fonctionnant sur batterie en constituent une prometteuse, qu’ils soient matures techniquement, comme les mini-pelles ou les mini-chargeurs électriques, ou encore en phase de développement, comme les machines à projeter les enduits.

 

L’autonomie des batteries, souvent perçue comme insuffisante, est, quant à elle, en réalité souvent bien adaptée au séquençage des chantiers – travail le matin et l’après-midi, recharge rapide pendant la pause méridienne – et ne représente pas un frein majeur au développement des matériels électriques. Leurs performances sont également au rendez-vous : de nombreux retours d’expériences témoignent d’une fiabilité, d’un rendement et d’une productivité au moins analogues à leurs équivalents thermiques.


© Jackin / Adobe Stock

Vous avez dit « rétrofit » ?

Le rétrofit, c’est-à-dire la conversion des machines thermiques existantes pour qu’elles soient alimentées par des sources d’énergie propre, peut constituer une alternative intéressante à l’achat de matériels électriques natifs.

 

Ce processus, moins onéreux, permettrait de réduire les coûts d’équipement tout en conservant une partie des engins déjà en service. Toutefois, il n’est pas encore envisageable à grande échelle. Les kits d’électrification doivent en effet être réalisés sur mesure pour garantir la fiabilité et les performances des machines modifiées.

 

De plus, le futur règlement européen, qui remplacera la directive « Machines » à compter du 1er janvier 2027, impose que tout engin substantiellement modifié soit réévalué comme s’il était neuf, ce qui peut rallonger et complexifier le processus. Enfin, l’usure des batteries reste un enjeu majeur, avec des implications sur la durée de vie et la rentabilité des machines « rétrofittées ».

Les obstacles sont en réalité principalement économiques. Le coût d’acquisition des engins électriques est en effet jusqu’à 2,5 fois supérieur à celui des équivalents thermiques. Toutefois, en considérant la durée de vie de ces machines, les économies d’échelle que pourra générer un développement du marché, et une potentielle réduction des coûts opérationnels – liés à une moindre consommation énergétique –, l’écart de coût de possession avec les équivalents thermiques pourrait être réduit de 35 à 50 %.

 

Dans tous les cas, la location d’engins électriques peut s’avérer être une solution transitoire pertinente : c’est l’occasion pour les entreprises de tester les performances et de se rassurer avant un potentiel achat.

 

On le pressent : la coopération entre tous les acteurs du secteur est essentielle pour démocratiser l’usage des matériels bas carbone. C’est pourquoi en avril dernier, lors du salon Intermat, les cinq fédérations de la filière (FFB, Fédération nationale des travaux publics – FNTP –, DLR, la fédération des matériels, Evolis et Seimat) ont cosigné un manifeste.

 

Ce document marque une volonté commune de collaborer avec les pouvoirs publics pour faciliter l’accès aux matériels décarbonés. Il promeut des initiatives pour s’attaquer aux obstacles économiques et énergétiques, qui permettront de faire de ces équipements la norme sur les chantiers.

Matériels non motorisés : des solutions à explorer

 

Les matériels non motorisés offrent également des opportunités pour réduire l’empreinte carbone des chantiers. Certains fabricants proposent par exemple des banches chauffantes qui permettent de faciliter la montée en résistance des bétons bas carbone. Autre initiative : des échafaudages en aluminium recyclé à 75 %, certifiés bas carbone, qui permettent de diminuer jusqu’à 80 % les émissions liées à leur production. Dans les deux cas, la question du coût reste néanmoins posée.

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