Métiers de la métallerie : les écoles de production, une troisième voie d'excellence

Aux côtés des lycées professionnels et des CFA, les écoles de production constituent une troisième voie de formation innovante et efficace. Particulièrement adaptées aux jeunes en décrochage, elles offrent un suivi individualisé et un taux d’employabilité de 100 %.  Alors que les métiers de la métallerie connaissent des tensions sur l’emploi, ces écoles, dont huit forment au CAP serrurerie-métallerie, constituent une véritable aubaine pour les professionnels.
 
9:3220/06/2023
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Bâtimétiers Numéro 71 | juin 2023

Lorsqu’un jeune de quinze ans souhaite obtenir un CAP, il peut se tourner vers différentes filières. Deux ont généralement ses faveurs : le lycée professionnel, qui dispense une formation théorique et pratique au sein même de l’établissement, et l’alternance, qui lui permet d’acquérir une expérience professionnelle en entreprise tout en suivant des cours dans un centre de formation d’apprentis (CFA).

Mais il existe une « troisième voie » de formation, moins connue et pourtant unanimement saluée comme une voie d’excellence : celle des écoles de production. La France en compte aujourd’hui une soixantaine sur tout le territoire. Anciennes, puisque la première école de production a été créée en Rhône-Alpes en 1882, elles ont commencé à essaimer sur toute la France en 2001. Ces établissements privés à but non lucratif connaissent un développement fulgurant depuis le lancement d’un appel à manifestation d’intérêt par le Gouvernement en 2021. L’objectif est ambitieux, puisqu’il s’agit d’atteindre le cap des cent écoles de production d’ici 2030, mais il devrait être largement tenu, tant l’engouement des entreprises, des territoires et des jeunes est grand.

 

La pédagogie du « Faire pour apprendre »

 

Mais pourquoi ce modèle de formation a-t-il autant de succès ? « Il me semble que ce succès est d’abord lié à la pédagogie innovante que nous proposons, basée sur le “faire pour apprendre” », explique Jacky Giraudeau, directeur de l’école de production T’CAP-T’PRO de Saumur, qui dispose d’une formation de métallier-soudeur (voir encadré). Dans ces écoles, deux tiers du temps sont ainsi consacrés à la pratique, et un tiers l’est aux enseignements théoriques, dans un seul lieu.
« En atelier, les élèves réalisent des pièces pour répondre à de vraies commandes de clients, précise Françoise Candier, directrice exécutive de l’Iron Academy-École de production Grand Paris Nord, dédiée aux métiers de la métallerie. Ainsi, ce ne sont pas les notes qui motivent les élèves, mais la récompense d’un client satisfait par la qualité d’une production réalisée dans les règles de l’art. »

 

De l’importance du savoir être

 

Si elles s’adressent à tous les jeunes, les écoles de production sont particulièrement adaptées à ceux qui sont en situation de décrochage scolaire ou de difficultés sociales. D’une part, parce que la scolarité y est gratuite – les élèves n’y sont en revanche pas rémunérés – et que la sélection se fait uniquement sur des critères de motivation ; d’autre part, car « les effectifs des classes sont limités à douze élèves, et les groupes sont encadrés par des maîtres
professionnels, ce qui permet d’assurer un suivi individualisé bienveillant », précise Françoise Candier. « Dans nos écoles, le “savoir être” est une valeur première, et les jeunes doivent intégrer très rapidement les codes de l’entreprise : dire bonjour, être à l’heure… C’est une notion essentielle pour leur réussite professionnelle future », complète Jacky Giraudeau. Le cumul de ces facteurs pédagogiques positifs, souligne-t-il, est favorable à l’employabilité des jeunes : « Nous constatons 100 % d’embauche à la sortie, et certains se voient même dérouler le tapis rouge par les entreprises, qui sont souvent des partenaires-clients de l’école. » Les écoles de production semblent ainsi cocher toutes les cases sur la voie du succès : « Finalement nous formons des jeunes autonomes, prêts à travailler dans des entreprises et sur des territoires où les tensions sur les recrutements sont fortes, en particulier sur les métiers de la métallerie », résume Françoise Candier.

Ce ne sont pas les notes qui motivent les élèves, mais la récompense d’un client satisfait par la qualité d’une production réalisée dans les règles de l’art. 

Françoise Candier, directrice exécutive de l’Iron Academy-École de production Grand Paris Nord.

En étant nos partenaires, les entreprises peuvent se prévaloir de travailler avec des jeunes, parfois en difficulté, ce qui véhicule une image positive. 

Jacky Giraudeau, directeur de l’école de production T’CAP-T’PRO de Saumur (Maine-et-Loire).

Des écoles de production en métallerie au service des entreprises et des territoires

Sur la soixantaine d’écoles de production présentes en France, huit proposent des formations de CAP serrurerie-métallerie. Parmi elles, les écoles T’CAP-T’PRO et Iron Academy sont particulièrement exemplaires. La première, implantée à Saumur (Maine-et-Loire), a été créée par l’association ISTA49, plus grande entreprise adaptée du département (200 salariés). Elle a accueilli sa première promotion de métalliers-soudeurs en septembre 2019. La seconde, située à Stains (Seine-Saint-Denis), sur le Campus Industreet de la Fondation TotalEnergies, a ouvert plus récemment, à la rentrée 2021. Ces deux écoles ont vu le jour afin de répondre aux besoins des entreprises locales de métallerie, pour lesquelles les élèves assurent des travaux de sous-traitance.

« Nous répondons à tous types de commandes en nous alignant sur les prix du marché, explique Françoise Candier. Encadrés par des maîtres professionnels, les jeunes travaillent sur des machines professionnelles de dernière génération qui leur permettent de produire des pièces dans les règles de l’art. » Pour une entreprise de métallerie, « l’intérêt de faire appel à des écoles comme les nôtres est triple, assure Jacky Giraudeau. Le premier est que nous constituons une belle force d’appoint. Dans mon école, les dix-huit jeunes peuvent produire vite et beaucoup. Nous pouvons nous organiser rapidement pour répondre aux demandes ». Le deuxième intérêt tient à la structuration de certains marchés. « Nos écoles sont inscrites au registre des clauses d’insertion sociale. De ce fait, nous pouvons réaliser la proportion d’heures en insertion que les entreprises doivent sur certains marchés publics. » Enfin, pour Jacky Giraudeau, le troisième intérêt concerne la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). « En étant nos partenaires, les entreprises peuvent se prévaloir de travailler avec des jeunes, parfois en difficulté, ce qui véhicule une image positive. »

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