Une façade double peau alliant performances énergétiques et confort d'usage

Le siège social de la Carsat Rhône-Alpes a fait l’objet d’une vaste réhabilitation, labellisée HQE Rénovation Bâtiments tertiaires, niveau « exceptionnel ». Au programme de ce projet à très haute performance énergétique, piloté par Léon Grosse : le remplacement d’un mur-rideau par une façade double peau intégrant des coursives de maintenance et des lames brise-soleil orientables et automatisées.
12:3915/09/2022
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Bâtimétiers Numéro 68 | Septembre 2022

Lorsqu’un maître d’ouvrage impulse une dynamique forte en faveur de la performance énergétique de son patrimoine, les résultats suivent ! C’est ce que démontre le projet de réhabilitation lourde du siège social de la Carsat Rhône-Alpes. Situé à Lyon (Rhône), au cœur du quartier d’affaires de la Part-Dieu, cet immeuble de grande hauteur des années 1970, d’une superficie de 13 000 m2, constituait un véritable gouffre énergétique et n’était plus en phase avec les normes de travail actuelles. C’est pourquoi la Carsat a décidé de le transformer radicalement avec un triple objectif : augmenter significativement ses performances thermiques (objectif de consommation énergétique annuelle à - 59 %), améliorer le confort de ses usagers et lui donner une identité architecturale contemporaine.

Elle a pour cela confié les clés du projet au groupement associant l’entreprise générale Léon Grosse (mandataire), le cabinet d’architecture Ateliers 2/3/4, Barbanel (BET Fluides),
Alto (BE GEB-environnement) et Engie Solutions (exploitation-maintenance), dans le cadre d’un marché global de performance réalisé en CREM (conception-réalisation-exploitation-maintenance) avec CPE (contrat de performance énergétique).

 

 

Quand les contraintes font converger les solutions

 

Les deux opérations techniques majeures du chantier résidaient dans le déclassement de l’IGH en immeuble « Code du travail » (par démolition partielle de niveaux de planchers et création d’une plateforme pompiers en R+1) et dans le remplacement de la façade d’origine en mur-rideau par une façade double peau très performante.

En phase conception, le travail de réflexion sur l’enveloppe est passé par la prise en compte de plusieurs paramètres majeurs issus de contraintes normatives, d’usage ou performantielles : « Nous devions tout à la fois permettre l’accès des pompiers par les façades, faciliter les opérations de nettoyage, garantir une excellente isolation thermique de l’immeuble et améliorer le confort des usagers en toutes saisons », synthétise Marine May, directrice de l’agence Grands Projets Régions de Léon Grosse. Les discussions au sein du groupement ont alors convergé vers une solution répondant à l’ensemble de ces critères. Soit un complexe de double façade présentant successivement :

  • une peau intérieure intégrant une isolation en laine de roche ainsi que des vitrages dont les niveaux de performance sont adaptés à l’orientation de chacune des façades ;
  • une coursive périphérique en caillebotis disposée à chaque étage entre les deux peaux ; c’est elle qui donne aux pompiers un accès direct à la façade et facilite les opérations de nettoyage ;
  • une peau extérieure composée d’un jeu de brise-soleil couleur « champagne » verticaux et horizontaux, afin de maîtriser les apports solaires ; cette peau est présente sur toutes les façades, hormis la façade nord.

 

Des brise-soleil conçus pour maximiser les performances et le confort d’usage

 

« Nous avons utilisé les structures portant les coursives pour pouvoir déporter les brise-soleil », précise Marine May. Ainsi mis à distance des vitrages, ces dispositifs ne donnent pas l’effet de cache qu’ils auraient produit s’ils avaient été installés le long de la première peau. La lumière pénètre d’autant mieux et la vue est d’autant plus dégagée à l’intérieur du bâtiment que les lames verticales sont perforées d’une multitude de petits trous. « L’œil des utilisateurs voit en partie à travers les lames, qui s’effacent partiellement pour eux », poursuit Marine May. Autre disposition astucieuse de l’architecte pour limiter le sentiment « d’enfermement » et assurer un confort d’usage optimal : le niveau bas maximal des brise-soleil à lames horizontales est situé plusieurs dizaines de centimètres au-dessus de l’allège des fenêtres. « Cette configuration permet de stopper les rayons du soleil tout en dégageant une large vue directe sur l’extérieur. »

Les lames des brise-soleil verticaux sont orientables sur leur axe, leurs mouvements étant générés par des moteurs les groupant par deux niveaux. Intégrée à la GTB de l’immeuble, l’orientation de l’ensemble des lames est pilotée automatiquement par l’intermédiaire d’une sonde « 360° » de détection de luminosité et d’ensoleillement installée sur la toiture de l’immeuble. « Cette autonomie de fonctionnement des brise-soleil nous permettait de mieux garantir le niveau de performance globale de l’installation, le comportement des usagers n’interférant pas avec celui-ci », précise Marine May.

 

Une charpente rapportée pour porter la façade

 

La structure du bâtiment n’étant pas dimensionnée pour reprendre les charges supplémentaires liées au nouveau complexe de façades, le groupement a dû concevoir un dispositif particulier pour le porter. « Nous voulions à l’origine fixer le complexe aux nez des dalles existantes, comme cela se fait couramment. Mais les extrémités des planchers étaient préfabriquées et nous ne connaissions pas leur capacité portante. Par sécurité, nous avons décidé de reprendre les efforts des façades par l’intermédiaire d’une charpente métallique rapportée sur les poteaux béton existants », explique Marine May. Cette charpente est constituée de poutres dont la continuité structurelle est assurée, au droit de la traversée de la façade, par des pièces de transition qui permettent également de rompre les ponts thermiques.

Grâce à la qualité globale des dispositifs passifs et actifs mis en œuvre, le groupement a pu atteindre une performance supérieure à celle qui avait été ciblée. Les consommations énergétiques ont ainsi pu être réduites de 71 % par rapport à celles de l’immeuble d’origine, quand l’objectif était de - 59 %. Le bâtiment, livré en novembre 2019, a obtenu le label HQE Rénovation Bâtiments tertiaires, niveau « exceptionnel » et, cerise sur le gâteau, s’est vu décerner la Clé d’or Auvergne-Rhône-Alpes du concours du même nom organisé par EGF.

 

Cette autonomie de fonctionnement des brise-soleil nous permet de mieux garantir le niveau de performance globale de l’installation. 

Marine May, directrice de l’agence Grands Projets Régions de Léon Grosse, à Bron (Rhône).

Des bi-mâts à rallonges pour optimiser les délais et la sécurité du chantier

Pour minimiser l’impact du chantier tout en garantissant des interventions en sécurité malgré une intense coactivité, le système de levage des éléments de façade n’a pas fait appel à une grue à tour, mais à des plateformes motorisées bi-mâts. « Afin de ne pas devoir les déplacer en fonction des phases de chantier, nous avons positionné les bi-mâts au nu de la peau extérieure dès le démarrage du chantier. Nous avons alors utilisé des rallonges pour pouvoir réaliser la dépose du mur-rideau d’origine, l’installation de la charpente de renfort et la pose du nouveau mur-rideau », précise Marine May.
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