A Reims, un ouvrage hors norme

 L’École supérieure d’art et de design (ESAD) de Reims, une des plus anciennes écoles d’art de France, fait peau neuve, et s’incarne dans un projet iconique, avec une façade en béton brut coulée sur place, une prouesse architecturale. 
7:0510/06/2025
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Bâtimétiers Numéro 79 | juin 2025

Un projet « très atypique » de 30 m de haut, tout en courbes, en pans inclinés et en porte-à-faux, pensés comme autant d’espaces d’inspiration avec, au milieu, une grande vague. Voilà comment Nicolas Bouillard, directeur d’agence adjoint de Demathieu Bard Construction, qualifie l’ouvrage en cours de construction de l’ESAD dont son établissement, basé à Reims, a remporté l’appel d’offres pour réaliser le gros œuvre, les menuiseries extérieures et intérieures, la serrurerie et les terrasses étanches.

 

Posé sur les bords d’un canal, dans un quartier en mutation, le nouvel édifice a l’ambition de s’inscrire comme un élément architectural très visible et innovant, emblématique de sa destination, une école d’art. Dessiné par l’architecte Jean-Pierre Lott, pour le compte de la communauté urbaine du Grand Reims, le bâtiment compte cinq étages, mesurant chacun de 3,5 à 5,5 m de hauteur. Il a été imaginé en béton apparent fini, un matériau moulé, qui offre une multitude de possibilités en matière de textures, d’apparences et de nuances.

 

« Ce sont de grands volumes, et pas un niveau ne ressemble à un autre. C’est précisément cette double spécificité qui fait la complexité de l’opération et qui explique le marché remporté en macro-lot pour tenir la qualité requise et le planning des travaux », indique Nicolas Bouillard. Démarré en avril 2024, le chantier a amorcé, avec la façade, la deuxième phase du gros œuvre. Le défi réside dans la mise en œuvre du béton fini coulé en place in situ, à la surface apparente et devant répondre à des exigences esthétiques très élevées. Le bâtiment a été entièrement calepiné, avec des lignes horizontales et verticales cadencées par des banches ou des arrêts de coulage, afin d’obtenir des alignements rigoureux.

 

Cette gestion délicate a nécessité une importante phase préparatoire par le bureau d’études technique intégré de Demathieu Bard Construction qui a piloté de nombreuses études et mis au point… près de 80 méthodologies particulières d’opérations ! « La clé du succès sur un tel projet est le travail en symbiose avec la maîtrise d’œuvre et d’ouvrage, et l’implication de tous nos métiers, notamment la direction technique, et les Méthodes qui suivent le chantier sur le terrain », rappelle David Griffon, chef de groupe en charge du projet pour Demathieu Bard Construction.

 

Deux chefs de chantier ont été dépêchés pour diriger l’opération, l’un supervisant l’aspect général du chantier, le second faisant le lien opérationnel avec les équipes. Car le challenge n’est pas seulement esthétique, il est aussi technique : l’ouvrage, compte tenu de sa hauteur et de ses multiples porte-à-faux, exige la mise en place d’étaiements provisoires, indispensables pour tenir et monter les étages.

 

« Ils représentent un montant de près d’un million d’euros sur les 12,5 millions consacrés au gros œuvre. » Par ailleurs, le bâtiment est construit dans sa limite parcellaire – 3 500 m2 –, ce qui rajoute encore de la complexité, d’autant que d’autres opérations se déroulent simultanément dans la ZAC et que le calendrier est particulièrement contraint, exigeant de ce fait un cadencement au cordeau. L’aboutissement du projet est prévu pour septembre 2026.

© DR

Des réalisations techniques de grande envergure

 

Sept mille cinq cents mètres cubes de béton pour 7 500 m2 de surface utile, 750 t d’acier utilisées et 80 000 heures réalisées pour le gros œuvre. Ces chiffres, supérieurs à ceux de certains ouvrages d’art, illustrent l’ampleur et la technicité du projet, un bâtiment courbe, en béton fini et calepiné, qui a nécessité l’intervention de nombreux experts. Notamment pour assurer l’homogénéité du rendu et des teintes du béton de bas en haut, un matériau vivant, en dépit des conditions climatiques, de l’humidité, des températures, des intempéries.

 

Autre particularité, le béton comporte une masse très importante d’acier qui le rend très lourd et complique encore la donne. Les bureaux d’études structure ont modélisé le projet en 3D afin que les contraintes de l’opération puissent être appréhendées en amont. Des outils spécifiques et coffrages ont dû être spécialement fabriqués pour répondre aux hauteurs de coulage, qui montent jusqu’à 7,5 m en une fois.

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