A Paris, un chantier tout en défis

Rue Oberkampf, dans le 11e arrondissement de Paris, l’entreprise ECD pilote un projet complexe et ambitieux : transformer un parking en immeuble de bureaux.
8:0515/09/2025
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Bâtimétiers Numéro 80 | septembre 2025

Transformer un parking de six étages en un bâtiment de huit étages sur rez-de-chaussée, avec deux terrasses et un sous-sol, en plein Paris, dans une rue piétonne très contrainte en matière d’accès et de livraison, et ce, en maintenant l’activité sept jours sur sept du supermarché situé en dessous : le défi, technique et logistique, était de taille !

 

Le marché a été remporté par ECD, entreprise à l’origine spécialisée dans le logement neuf, grâce à une idée qu’elle est la seule à avoir proposée : la mise en place d’une étanchéité provisoire à destination du supermarché, conjuguée à un système d’écoulement des eaux, qui a vite révélé son utilité avec un hiver particulièrement pluvieux.

 

La première étape des travaux, entre juin et octobre 2024, a été consacrée au curage/nettoyage du bâtiment, avec la dépose de l’ensemble des éléments : anciens planchers, monte-voiture, poutres et escaliers. Puis a démarré la phase de construction et de remodelage de la structure du bâtiment, dont la livraison finale est attendue au deuxième trimestre 2026. Le cahier des charges imposait de créer un étage supplémentaire sur la façade avant ainsi que trois cages d’escalier et deux ascenseurs dans le corps du parking.

 

Sur un tel projet, les contraintes techniques sont nombreuses. Le premier travail a consisté à identifier les hauteurs sous poutres suffisantes pour pouvoir recréer les planchers et poser ultérieurement les faux plafonds. Il a donc été nécessaire de scier certaines poutres pour dégager de la hauteur puis de renforcer les poutres principales avec du ferraillage ainsi que la structure existante avec des moisages. L’espace béant libéré par le monte-voiture a ensuite servi à poser un ascenseur provisoire desservant les sept étages.

 

Aujourd’hui, les deux façades latérales sont terminées et le chantier se poursuit à l’intérieur, en commençant par les étages du bas.

 

« La principale difficulté dans cette configuration est de ne pas savoir à l’avance comment les poutres sont faites, si elles sont ou non structurelles. C’est pourquoi les travaux nécessitent pour avancer l’appui permanent d’un ingénieur des ponts dont la mission est de calculer au fil de l’eau les plans de structure et d’aider à trouver des adaptations en cours de chantier », souligne Nathalie Kopff, présidente d’ECD, à Chanteloup-en-Brie (Seine-et-Marne).

 

Le projet est également suivi de bout en bout par un bureau de contrôle qui supervise l’exécution, notamment des poutres en béton, qui doivent être ouvertes, ferraillées puis recoulées, et aide à trouver des solutions quand c’est nécessaire.

 

Le chantier exige de bons spécialistes du ferraillage et du moisage ainsi que des chefs de travaux au profil très technique. Le maître-mot est « ingéniosité » ! « Il faut de l’inventivité pour contourner les problèmes. Par exemple, pour faciliter l’approvisionnement du chantier, nous avons choisi de conserver une partie de la rampe existante du parking et l’avons renforcée avec une structure provisoire. Nous avons aussi utilisé l’aire de livraison du supermarché pour couler le béton, en horaires décalés, ce qui a permis d’éviter les arrêts de voirie et les frais associés.

 

Même chose pour la base-vie qui n’a pas été installée sur le trottoir mais à l’intérieur du bâtiment et qui a vocation à être déplacée au gré de l’avancement des travaux. Le but étant de s’assurer de la qualité des installations de chantier afin que nos compagnons disposent toujours d’un espace agréable pour se changer et se restaurer. Nous devions également veiller à ne pas retarder le chantier et à trouver les solutions les plus économiques possibles tant sur le plan de l’organisation de travail que de la livraison des zones pour les autres corps d’état », détaille Nathalie Kopff. Objectif atteint.

© DR
Nathalie Kopff, présidente d’ECD, à Chanteloup-en-Brie (Seine-et-Marne).

 

Un chantier de grande précision

 

« Ce type de travaux constitue un marché de niche qui peut ouvrir beaucoup d’opportunités, à condition de savoir s’adapter à un environnement complexe : notamment travailler en horaires décalés, prendre un peu de risque, ne pas faire trop de bruit. Nous avons par exemple effectué l’essentiel de la démolition en août. La clé réside aussi dans la très bonne coopération entre les chefs de chantiers, le maître d’ouvrage, les syndicats de copropriétés et les commerces, qui permet une bonne insertion du chantier dans le tissu urbain. L’objectif est de poursuivre ce dialogue après la phase de gros œuvre. » 


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