Protection anticorrosion d'un ouvrage d'art de grande portée

Un pont de 143 m de portée construit pour la future ligne CDG Express a bénéficié d’une double protection, associant métallisation et peinture anticorrosion, afin d’assurer une forte durabilité.
9:1715/12/2025
Rédigé par FFB Nationale
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Bâtimétiers Numéro 81 | Décembre 2025
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Dans le cadre du chantier du Charles-de-Gaulle Express, la liaison ferroviaire qui reliera la Gare de l’Est à l’aéroport de Roissy-Charles-de- Gaulle en 2027, un impressionnant pont en treillis métallique a été lancé à La Plaine Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) : le pont des Cathédrales (1). Un chantier exceptionnel : l’ouvrage d’un seul tenant mesure 143 m de portée et atteint 16,5 m de hauteur, ce qui constitue un record européen pour ce type de structure (pont de type Warren à treillis latéraux). 

 

La durabilité de la protection de l’ouvrage a été prise en compte dès la phase de conception. Pour assurer sa pérennité dans un environnement exposé tout en retardant les besoins de maintenance lourde, SNCF Réseau a fait le choix d’un système de peinture dit « Duplex » qui associe métallisation et peinture époxy et polyuréthane. Ce dispositif anticorrosion offre des performances certifiées – la résistance atteint a minima vingt-cinq ans et, dans la pratique, quarante, voire cinquante ans – et fait l’objet d’une homologation de garantie par l’OHGPI.

 

« Nous visons des solutions à forte durabilité afin de minimiser les interventions ultérieures sur des ouvrages complexes d’accès qui ne manqueraient pas d’avoir des impacts sur la circulation des trains », explique Patrick Canu, responsable de la section métal du département Ouvrages d’art de SNCF Réseau. De fait, le pont, situé au-dessus des voies, jouxte des caténaires qui supportent 25 000 volts.

 

La métallisation consiste dans la projection à chaud d’un alliage de zinc-aluminium fondu (85 % zinc – 15 % aluminium), afin d’assurer une protection durable de l’acier. Cette technique exigeante nécessite une préparation de surface soignée (degré Sa 3 rugosité grossier G) et un équipement de projection thermique adapté. L’épaisseur de la couche de métallisation a atteint 120 microns, celle des trois couches de peinture (deux couches époxy plus une couche finition polyuréthane), 140 microns, pour une épaisseur sèche totale de 260 microns. En tout, la surface métallique à protéger a représenté 6 300 m2.

 

La mise en peinture de l’ouvrage a été réalisée par Eiffage Métal, filiale du groupe Eiffage spécialisée dans la construction métallique, puis finalisée sur le site par la PME Actif (Anticorrosion et travaux industriels de finitions), forte d’une double expertise dans la peinture des bâtiments et des ouvrages d’art – les deux entreprises étant toutes deux membres du GEPI (Groupement des entrepreneurs de peinture industrielle).

 


© SAP PHOTOGRAPHIE – FILIÈRE PEINTURE ANTICORROSION

L’équipe d’Eiffage Métal a effectué près de 80 % de l’application du système Duplex dans les ateliers de Lauterbourg (Bas-Rhin). Eiffage compte ses propres applicateurs et contrôleur tous certifiés ACQPA – une certification exigeante qui concerne à la fois le produit peinture, les systèmes de peinture et l’entreprise afin de garantir une haute qualité de mise en œuvre. « Ce système de peinture nécessite beaucoup de soins et de rigueur puisqu’il intègre la métallisation et que, en l’occurrence, il répondait à la classe d’anticorrosion la plus élevée, souligne Marc Weber, directeur de projet chez Eiffage Métal.

 

Nous avons dû redoubler d’attention, et ce d’autant plus que la météo n’a pas été favorable, ce qui nous a obligés à mettre en place des protections et abris chauffés. » Eiffage Métal a appliqué la première peinture en avril 2024 et terminé la dernière pièce quatre mois plus tard en atelier. La reprise des joints de soudage s’est effectuée dans la continuité sur le chantier jusqu’au lançage qui a eu lieu en février 2025. 

 

Ensuite, les compagnons d’Actif, également certifiés ACQPA, ont effectué les retouches de métallisation ainsi que le traitement restant des soudures, des zones d’assemblage et des points impactés lors des manipulations. Ils ont d’abord travaillé sur une plateforme d’assemblage aménagée sur le site à partir d’octobre 2024. Puis, après le lançage, ils sont intervenus directement sur l’ouvrage pendant près de six semaines en travaillant à la nacelle routière après le bétonnage du tablier, sachant que les voies sous l’ouvrage étaient exploitées.

 

« Nous avons garanti la continuité du double système de protection et avons assuré une qualité conforme aux exigences ACQPA, en dépit des contraintes météo et logistiques et de ces conditions d’intervention difficiles, qui ont nécessité une sécurité renforcée », se félicite Philippe Sanfilippo, directeur général d’Actif. Le système Duplex a été appliqué sur l’ensemble des zones reprises, en conformité avec le dispositif initial, les travaux ayant été finalisés en juin 2025.

 

  1. Le nom du pont rappelle les anciennes nefs SNCF de La Chapelle, assimilées à des cathédrales en raison de leurs dimensions.

 

En savoir plus

 

  • Association pour la certification et la qualification en peinture anticorrosion (ACQPA), www.acqpa.com
  • Office d’homologation des garanties de peinture industrielle (OHGPI), www.ohgpi.com

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