Les inondations constituent aujourd’hui le premier risque naturel en France en matière de dommages matériels et de récurrence. De plus en plus fréquentes et intenses, elles affectent aussi bien les habitations que les locaux professionnels et commerciaux. Les conséquences sont souvent dramatiques : déplacement des habitants, pertes financières importantes, destruction partielle ou totale de bâtiments…
Face à cette réalité, il devient impératif de développer des stratégies d’adaptation des bâtiments. Sensibilisée par le secteur de l’assurance et impliquée dans des partenariats avec des organismes tels que le CEPRI (Centre européen de prévention du risque inondation), la MRN (Mission Risques Naturels) ou l’AQC (Agence Qualité Construction), la FFB a lancé une démarche pour mieux accompagner les artisans et entrepreneurs du bâtiment face à ces défis.« Après plusieurs études et un premier webinaire sur le sujet, nous avons structuré un programme de sensibilisation destiné à transmettre les bonnes pratiques d’adaptation des bâtiments », décrit Jean-Yves Masneuf, président de la FFB de la Côte d’Opale et gérant de l’entreprise SCT Masneuf, à l’origine de l’initiative.
L’objectif est de rendre accessibles des solutions techniques d’adaptation des bâtiments aux inondations. La session pilote, organisée dans les Hauts-de-France en début d’année, a réuni une quarantaine de participants : « Les entrepreneurs en constituaient le noyau dur, mais des courtiers en assurance, des cabinets d’expertises, des syndicats de bassin et des diagnostiqueurs étaient également présents. » S’appuyant sur ce riche écosystème, la formation a été conçue sous forme d’ateliers interactifs – et sans support de présentation afin de favoriser les échanges !
« Les participants ont ainsi pu analyser des situations concrètes et identifier les meilleures pratiques pour limiter les dégâts », poursuit Jean-Yves Masneuf. Les solutions abordées sont techniquement à la portée de n’importe quelle entreprise et relèvent d’abord du bon sens. « Il peut s’agir d’installer des supports pour batardeaux afin de ralentir l’entrée de l’eau, de surélever des équipements sensibles (tableaux électriques, PAC, etc.), d’adapter les entrées d’air et les systèmes de drainage, ou tout simplement de choisir des matériaux résistants à l’eau », illustre Jean-Yves Masneuf.
La réunion de sensibilisation aborde aussi la question du financement des travaux d’adaptation – leur coût demeurant l’un des principaux obstacles à leur mise en œuvre. Pour y remédier, l’État propose des aides financières, notamment via le fonds Barnier, qui peut subventionner jusqu’à 36 000 euros pour des travaux de réduction de la vulnérabilité aux inondations. Ce fonds couvre également le diagnostic initial, indispensable pour identifier les actions prioritaires. Dans certains cas, des aménagements plus lourds, comme la création de zones refuges, peuvent être pris en charge partiellement.
Au-delà de l’intérêt sociétal, cette sensibilisation met en avant un véritable potentiel de marché complémentaire pour les entreprises, dont le rôle est central sur cette thématique. En se positionnant sur ce secteur, elles diversifient leur activité et répondent à une demande croissante dans les zones régulièrement touchées par les inondations. « Cette approche permet également de favoriser un redémarrage plus rapide des activités économiques et un retour à domicile plus rapide aussi pour les sinistrés », complète Jean-Yves Masneuf.
Fort du succès de cette première session, le programme devrait être déployé prochainement dans plusieurs départements grandement exposés aux risques d’inondation. La FFB met à disposition des fédérations départementales son format d’atelier, ainsi que de la documentation dédiée (Calepins®, par exemple) afin d’accompagner un maximum d’entrepreneurs.

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