Règles de l'art en locaux humides : une question d'interfaces

Si les exigences techniques sont précises pour chaque corps d'état réalisant des travaux en locaux humides, la conformité des prestations tient aussi à une bonne interface entre eux. Illustration avec les locaux classés EB+ privatifs, qui comprennent notamment les salles de bains chez les particuliers.
11:0007/12/2017
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Bâtimétiers Numéro 49 | Décembre 2017

Comment réaliser des travaux en locaux humides conformes aux règles de l'art ?

Les trois corps d'état concernés - successivement le plâtrier, le plombier et le carreleur - doivent pour cela respecter les dispositions de leurs NF DTU respectifs et se conformer au Cahier des prescriptions techniques (CPT) n° 3567 du CSTB(1). Publié en 2006, ce document établit une classification précise des locaux humides en 5 catégories : locaux secs EA (chambre, séjour, couloir...), moyennement humides EB (cuisine, toilettes, cellier chauffé...), locaux humides EB+ privatifs (salle de bains en logements, hôtels, foyer, hôpital...), locaux humides EB+ collectifs (douche individuelle à usage collectif, vestiaire à usage collectif, cuisine collective, sanitaires d'ERP accessibles au public...) et enfin, locaux très humides (douche collective de stade, gymnase, cuisine et sanitaires collectifs avec nettoyage haute pression, centre aquatique avec balnéothérapie, piscine...). Ce classement s'appuie sur des critères précis : l'hygrométrie des locaux, l'exposition à l'eau, l'entretien et le nettoyage. Par exemple, les salles de bains de logements classées locaux humides EB+ privatifs sont caractérisées par une forte hygrométrie, de l'eau projetée épisodiquement sur au moins une paroi et un nettoyage avec des méthodes non agressives, sans eau sous pression.« À chaque classement correspond un ensemble de prescriptions techniques, qui s'adressent au plâtrier, au plombier et au carreleur, explique Gérard Olivier, directeur général de Pinard SA, une entreprise de plâtrerie de 44 salariés implantée à Nantes. Il faut à la fois les respecter et bien gérer les interfaces pour limiter les risques de pathologie liés à l'humidité. »

Du plâtrier au plombier en respectant le DTU étanchéité pièces humides

Premier à intervenir, le plâtrier doit, dans le respect des NF DTU 25.41 et 25.42 de décembre 2012, réaliser tous les parements des ouvrages verticaux en plaques de plâtre hydrofugé de type H1 et certifié« NF plaque de plâtre », qui sont de couleur verte. Un traitement particulier doit être appliqué en pied de cloisons et contre-cloisons sur ossature métallique : s'il n'est pas prévu la réalisation d'une chape, une mousse imprégnée doit être appliquée entre la lisse et le sol, pour éviter toute infiltration d'eau sous la plinthe. Si la réalisation d'une chape est prévue, alors un film polyéthylène doit être mis en place, qui remonte sur la plaque de plâtre de 2 cm au minimum, et qui sera coupé après coulage de la chape, afin que l'humidité de la chape ne détériore pas le pied de cloison.

Après fixation des rails et pose des plaques de plâtre, le traitement des joints et raccords peut se faire soit avec un produit standard de couleur blanche, soit avec un produit hydrofuge de couleur verte sur prescription spécifique des documents particuliers du marché (DPM), aptes à cet usage selon les définitions données dans les critères généraux de choix des matériaux (CGM) des deux NF DTU.

Second corps d'état à intervenir, le plombier ne doit pas remettre en cause les propriétés de l'ouvrage du plâtrier.« Les équipements sanitaires, comme une baignoire ou un receveur de douche, sont posés contre le parement en plâtre : il est donc essentiel qu'ils soient bien calés afin d'éviter qu'ils puissent bouger, ce qui créerait un point de passage pour l'eau, précise Gérard Olivier. Le plombier doit aussi impérativement réaliser un joint entre l'équipement sanitaire et la plaque hydrofuge. »

Locaux eb+ : du plombier au carreleur

En ce qui concerne le carreleur, il doit lui aussi procéder par étapes. La première chose à vérifier est la conformité du support. À savoir : que les parements des ouvrages verticaux sont bien réalisés en plaques de plâtre hydrofuges de type H1. Conformément au NF DTU 52.2, deux cas de figures peuvent se présenter : soit le traitement des joints et les rebouchages ont été réalisés avec un produit standard de couleur blanche, et le carreleur doit mettre en œuvre un SPEC (Système de protection à l'eau sous carrelage), qui doit impérativement être un produit sous Avis technique ; soit le traitement des joints et les rebouchages ont été réalisés avec un produit hydrofugé vert, et la mise en œuvre d'un SPEC n'est pas nécessaire.« Ce SPEC se compose d'un primaire, suivi d'un produit en phase aqueuse assez épais appliqué à la brosse en deux couches croisées, dans l'emprise du receveur de douche ou de baignoire, sur une hauteur de 2 m minimum, explique Bernard Bare, dirigeant de Concept carrelage, une entreprise artisanale implantée à Bernaville (Somme). Entre les couches, on interpose des bandes de renfort d'angles et de platines au niveau des passages de canalisation dans la cloison. » Le SPEC ne doit pas être confondu avec le SEL (Système d'étanchéité liquide), qu'il n'est pas nécessaire de réaliser dans les locaux humides EB+ privatifs. Pour que l'étanchéité de la cloison soit maintenue, le plombier doit aussi, dans le respect du NF DTU 60.1, reboucher soigneusement tous les percements pour le passage des canalisations, avec un produit compatible avec la paroi : quand les joints entre plaques de plâtre hydrofugées sont à base d'enduit hydrofugé de couleur verte, les traversées et saignées doivent être traitées avec un mortier de rebouchage hydrofugé. La pose du revêtement mural par le carreleur doit respecter les prescriptions du NF DTU 52.2, sans oublier, après pose de la faïence, la réalisation d'un joint autour des canalisations.

« En définitive, il est essentiel que chaque corps d'état respecte ses propres obligations, ainsi que les ouvrages des autres corps d'état, conclut Bernard Bare. C'est seulement ainsi qu'on peut obtenir une étanchéité parfaite et lutter efficacement contre la sinistralité. »

1 Le CPT n°3567 est en libre accès sur www.cstb.fr.

 

Gérard Olivier, Directeur général de l'entreprise de plâtrerie Pinard SA, à Nantes.

« Le plombier doit impérativement réaliser un joint entre l’équipement sanitaire et la plaque hydrofuge. »

 

Bernard Bare, Dirigeant de Concept carrelage, à Bernarville (Somme).

« Il est essentiel que chaque corps d’état respecte ses propres obligations, pour obtenir une étanchéité parfaite. »

 

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