Utiliser des peintures biosourcées en restant compétitif, c'est possible !

Depuis 2020, l’entreprise de peinture Tijou réalise 100 % de ses chantiers d’intérieur en peinture biosourcée. Cette vraie ambition écologique n’empêche pas la PME de rester compétitive. La preuve ? Elle a réalisé les 105 000 m2 de peinture du nouveau Creps des Pays de la Loire avec une peinture à base d’algues, en répondant à un prix de marché. Quel est son secret ?
9:3315/12/2022
Rédigé par
revue
Retrouvez ce dossier dans notre revue Bâtimétiers
Bâtimétiers Numéro 69 | Décembre 2022

Lorsqu’en 2020 est publié l’appel d’offres du conseil régional des Pays de la Loire pour le projet de construction du nouveau Centre de ressources, d’expertise et de performance sportive (Creps) de la région, le cahier des charges du lot peinture affiche ses ambitions écologiques : parallèlement au lot peinture « classique », les entrepreneurs peuvent ainsi chiffrer une proposition optionnelle à base de peinture biosourcée. Pour Norbert Pinto, gérant de l’entreprise de peinture Tijou, installée à Saint-Herblain (Loire-Atlantique) et qui emploie 40 salariés, cela ne fait pas de doute : ce projet est pour lui !

 

L’évolution glycéro-acrylique-biosourcé

 

L’entrepreneur a en effet mis en place une démarche environnementale dans son entreprise depuis de nombreuses années (voir encadré), et celle-ci s’applique notamment au choix des peintures : « On ne peut pas contester que les peintures habituelles du marché intègrent des constituants polluants. Ma démarche et ma sensibilité personnelle m’ont toujours conduit à essayer d’améliorer ce bilan écologique négatif en profitant des évolutions techniques des produits. » Ainsi, l’entreprise est d’abord passée, au début des années 2010, des peintures glycéro aux peintures acryliques – moins toxiques – qui se sont rapidement imposées pour les applications sur murs et plafonds, puis sur les boiseries. En 2015, Norbert Pinto entend parler des peintures biosourcées. Fabriquées par de grands industriels ou des start-up, elles ont toutes un point commun : les résines et diluants à base pétrochimique y sont remplacés par des équivalents biochimiques. Les matières sont ainsi issues du retraitement de déchets végétaux : cosses de maïs ou algues vertes ramassées sur les plages bretonnes. Norbert Pinto est à ce point convaincu de l’intérêt de ces peintures que, depuis 2020, elles ont remplacé à 100 % les peintures classiques intérieures sur les chantiers de l’entreprise. Le tout à des prix qui restent compétitifs (voir encadré).

 

Une entreprise écoresponsable

L’ambition écologique de l’entrepreneur ne s’arrête pas à l’utilisation de peintures biosourcées. « Pour limiter au maximum l’impact de mon entreprise sur l’environnement, nous avons été parmi les premiers à acquérir des stations de lavage pour nos outils. Ces machines nettoient efficacement les pinceaux et les brosses en circuit fermé et traitent ensuite l’eau de lavage sans rejet polluant dans les égouts », illustre Norbert Pinto. Par ailleurs, l’entreprise a fait l’acquisition de véhicules de société hybrides.

Outre ces attentions écologiques, l’entreprise Tijou milite aussi pour les circuits courts : « Depuis 2006, 100 % de nos achats de peinture sont effectués auprès d’entreprises françaises (capitaux français) qui produisent en France. Nous veillons aussi à ce que nos fournisseurs soient des entreprises familiales, ou du moins que leurs capitaux soient détenus par des actionnaires identifiés. Un fournisseur dont le capital appartiendrait à des fonds de pension serait éliminé d’office ! »

Des peintures écologiques à prix compétitifs !

Si l’entreprise Tijou limite les émissions de gaz à effet de serre grâce à l’utilisation de peintures intérieures 100 % biosourcées, elle arrive également à maintenir un prix de marché compétitif par rapport à celui de ses concurrents. Mais comment y parvient-elle, alors que le coût de sa peinture est largement supérieur à celui des peintures classiques ? « En faisant mieux avec moins ! » répond Norbert Pinto. Autrement dit, en rationalisant la totalité des process de l’entreprise. À commencer par les achats : « Nous avons divisé par cinq le nombre de références de produits que nous achetons », détaille le dirigeant. Une performance remarquable liée à une décision forte : la réduction de la palette du nuancier. « Habituellement, les nuanciers des entreprises comportent 1 200 teintes différentes, mais une rapide analyse des ventes montre que 80 % des clients font leur choix dans un spectre de couleur très limité. En travaillant avec un architecte d’intérieur et un industriel, nous avons réussi à réduire notre nuancier à 40 teintes, parmi les plus “tendance”. »

Non seulement ce choix optimisé limite la quantité de produits à acheter, mais il permet aussi de tendre vers le « zéro déchet » de peinture. « Le volume minimal d’un pot de peinture est généralement d’un litre, poursuit Norbert Pinto. Lorsqu’on l’ouvre pour peindre les deux mètres carrés d’une porte, on sait qu’on n’utilisera pas la totalité de la peinture qu’il contient. En diminuant la palette de notre nuancier, nous augmentons largement la probabilité que le restant de peinture puisse être réutilisé sur un autre chantier. » Malin et économique !

105 000 m2 de peintures aux algues pour le Creps

 

Sur le chantier du Creps de La Chapelle-sur-Erdre (Loire-Atlantique), l’entreprise a fait le choix d’une peinture biosourcée à base d’algues vertes bretonnes, fournie par une start-up industrielle d’Ille-et-Vilaine. « Nous avons répondu à l’appel d’offres avec ce produit car nous avions l’habitude de le mettre en œuvre depuis 2015 », précise Norbert Pinto. Mais si ces peintures intérieures disposent d’un vrai avantage écologique, qu’en est-il de la qualité d’application ? « Pour une mise en œuvre manuelle, la texture étant identique, les peintres ne font pas la différence avec une peinture acrylique classique. En revanche, c’est sur l’application mécanisée qu’ils les distinguent : la peinture biosourcée offre notamment un plus grand confort d’utilisation, car elle ne pique pas les yeux… »

En tout, l’entreprise Tijou a appliqué 105 000 m2 (trois couches sur une surface totale de 35 000 m2) de peinture aux algues sur le chantier du Creps. « Un rapide calcul montre que nous avons économisé dix tonnes de CO2, soit dix allers-retours en avion entre Paris et New York, pour un prix similaire à celui d’un chantier qui aurait mis en œuvre une peinture classique. » À méditer.

 

Un rapide calcul montre que nous avons économisé dix tonnes de CO2, soit dix allers-retours en avion entre Paris et New York, pour un prix similaire à celui d’un chantier qui aurait mis en œuvre une peinture classique. 

Norbert Pinto, gérantde l’entreprise Tijou, à Saint-Herblain (Loire-Atlantique).

Contenu réservé aux adhérents FFB

  • Profitez aussi de conseils et de soutien

    Des services de qualité, de proximité, avec des experts du Bâtiment qui connaissent vos enjeux métier et vous accompagnent dans votre quotidien d'entrepreneur.

  • Intégrez un réseau de 50 000 entreprises

    La FFB est fière de représenter toutes les entreprises du bâtiment, les 2/3 de nos adhérent(e)s sont des entreprises artisanales.

  • Bénéficiez des dernières informations

    Recevez Bâtiment actualité 2 fois par mois pour anticiper et formez-vous aux évolutions des métiers ou de la législation.

Pour contacter facilement votre fédération et accéder aux prochaines réunions
Vous n'êtes pas adhérent et vous cherchez une information ?