Briques de terre cuite isolantes : une solution thermique qui gagne le collectif

À Amiens, un programme de logements collectifs développé par Kaufman & Broad mise sur des briques de terre cuite, naturellement isolantes. Une solution qui séduit de plus en plus les professionnels.
14:2812/12/2025
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Bâtimétiers Numéro 81 | Décembre 2025

Le Domaine du Val-d’Avre, un vaste projet de 103 logements qui sera livré à l’été 2026 à Amiens (Somme), témoigne de l’utilisation croissante des briques isolantes dans le logement collectif. Cette solution est appréciée pour sa performance énergétique : avec une résistance thermique de 1,20 m².K/W intégrée directement dans la structure porteuse, ces matériaux transforment l’approche de l’isolation.

 

Le projet repose sur l’utilisation intelligente de deux types de briques complémentaires. Les façades de ces six bâtiments R + 2 situés dans un espace arboré bénéficient de briques creuses isolantes grises dont l’intérieur alvéolé rempli d’air garantit des performances thermiques remarquables, tandis que les acrotères qui couronnent les toitures-terrasses utilisent des briques à bancher en terre cuite dans lesquelles on coule du béton.

 

« Le choix de conserver la terre cuite pour tous les éléments représente un surcoût par rapport aux blocs à bancher traditionnels, mais cela garantit une homogénéité parfaite du parement : on a le même support pour l’enduit sans risque de fissures ou de variations de teinte », explique Xavier François, directeur associé de l’entreprise Picard Maurice, à Vrigne-Meuse (Ardennes), chargée des fondations et du gros œuvre.

 

Au-delà de l’esthétique, les atouts techniques des briques isolantes permettent de répondre efficacement aux enjeux de la construction durable. « L’inertie thermique de la terre cuite combinée aux performances isolantes crée un confort d’été exceptionnel », précise Xavier François. Parallèlement, l’offre se diversifie pour répondre aux exigences environnementales croissantes : les fabricants proposent désormais des briques isolantes aux résistances thermiques variables (de R 1,2 à R 1,5), disponibles en plusieurs épaisseurs. « Cette diversité permet d’ajuster précisément la solution à chaque projet », se félicite le dirigeant.

 


L’usage des briques isolantes nécessite néanmoins un encadrement particulier. « Le NF DTU 20.1 émet des recommandations pour la mise en œuvre des briques que nous devons respecter », souligne Xavier François. Par ailleurs, les matériaux sont notamment conçus pour que les charges appliquées sur les façades garantissent une résistance au feu de 60 minutes (REI 60). En pratique, ces règles restreignent l’usage des briques isolantes aux bâtiments de type R + 3 au plus.

 

« Il y a un problème de charge linéaire : au-delà de trois étages, les planchers exercent trop de pression sur les façades, ce qui réduit la résistance au feu », poursuit-il. Ces exigences expliquent pourquoi « on voit peu de chantiers collectifs au-delà de R + 2 en briques isolantes », la solution étant plus complexe à mettre en œuvre sur des immeubles plus élevés.

 

Pour relever ce défi technique, les bureaux d’études combinent intelligemment les matériaux selon les niveaux pour concilier performances thermiques et structurelles. Sur des bâtiments en R + 5 ou R + 6, les entreprises peuvent, par exemple, utiliser des blocs béton isolants ou des voiles béton sur les premiers niveaux, plus résistants au feu, avant de passer aux briques isolantes sur les étages supérieurs.

 

Ces solutions hybrides qui optimisent l’usage des briques isolantes ouvrent de nouvelles perspectives pour les projets de grande hauteur. « La demande est en constante augmentation car ces briques offrent de bonnes performances énergétiques », confirme Xavier François. « Cette dynamique crée un cercle vertueux : l’augmentation des volumes favorise la recherche et développement qui améliore continuellement les performances techniques et la réduction de l’empreinte carbone des matériaux », conclut le professionnel.

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