« Construire autrement », se plaît à introduire Bijan Azmayesh, cogérant de l’atelier d’architecture Ostraka avec Jérémy Lasne, en charge du projet. Implantée sur un site existant dédié aux soins vétérinaires, la chatterie, jumelée à un nouveau cabinet vétérinaire de 120 m2, complète l’offre d’accueil de la Société protectrice des animaux de L’Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse), maître d’ouvrage. D’une surface de 60 m2, elle peut accueillir cinquante à soixante chats convalescents et chatons destinés à l’adoption. Ce projet est né de la volonté du maître d’ouvrage d’agrandir ses bâtiments de manière à réduire l’impact sur son environnement naturel, végétalisé et sensible du fait de sa proximité avec le cours d’eau de la Sorgue.
C’est donc tout naturellement que le bois, associé à d’autres matériaux biosourcés, s’est imposé pour la construction de ce bâti. Basée à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), Avenir Bois Construction, sollicitée par l’atelier Ostraka, acteur de l’architecture bioclimatique, a assuré la mise en œuvre de l’ossature bois ainsi que de la toiture et la pose de l’isolation des soubassements.
Spécialisée dans la construction bois, elle est intervenue durant deux semaines pour la réalisation de la chatterie : « Une première expérience pour nos équipes », se satisfait Maximilien Piteau, gérant de l’entreprise. Le chantier s’est organisé sur plusieurs phases d’intervention en chevauchement pour la construction des deux bâtis, requérant le concours des mêmes entreprises et techniques de construction.
Ce projet met en lumière la mise en œuvre du bois, du douglas issu des forêts françaises, et son aptitude à réceptionner une fibre végétale, de la paille provenant de la commune d’Arles, en isolation répartie. Ces deux matériaux offrent l’opportunité de déconstruire aisément les bâtis pour une seconde vie, et réduisent ainsi la pression sur le vivant et sur l’environnement. La combinaison du bois et de la paille, ressources respectivement renouvelables entre soixante et quatre-vingts ans et annuellement, limite la quantité et le poids de l’extraction des ressources dans les constructions.
Les murs de façade, construits en ossature bois tout comme les murs de refend, sont remplis d’un complexe isolant paille et enduit terre crue à base d’argile, en provenance d’un rayon géographique inférieur à 50 km du lieu d’implantation du projet. En couverture, des tuiles en terre cuite vieillies à double emboîtement sont apposées sur les liteaux de la charpente traditionnelle bois.
« Pour les deux bâtiments, l’isolation répartie en bottes de paille dans l’ossature bois permet un important déphasage thermique des façades et garantit ainsi un réel confort pour les utilisateurs », développe Maximilien Piteau. En été, des arbres à feuilles caduques préservés, des avancées de toiture, la végétation conservée en guise de protection solaire, les abords naturellement enherbés et la propriété de déphasage des façades permettent au bâtiment de résister aux fortes chaleurs. Ce dernier est équipé d’un système de chauffage électrique pour maintenir une température stable tout au long de l’année. L’environnement extérieur reste aussi préservé : un petit talutage enherbé naturellement est prévu en pied des bâtiments pour repousser l’eau lors d’intempéries.
Une grande impatience anime les futurs utilisateurs, fiers de pouvoir disposer de bâtiments « naturels » et construits rapidement. Et Maximilien Piteau de conclure : « Ravis d’avoir contribué à ce projet inédit, nous sommes prêts à renouveler cette expérience pour mettre en valeur les techniques de construction bois. »