Pour prévenir les troubles musculo-squelettiques, faire appel à des ergonomes

La tentation est grande d’investir dans des exosquelettes pour réduire les risques de troubles musculo-squelettiques liés à des activités répétitives ou à des positions pénibles. Mais ces équipements ne sont pas toujours adaptés. Mieux vaut solliciter l’intervention au préalable d’ergonomes pour bien s’équiper.
13:3116/09/2025
Rédigé par FFB Nationale
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Bâtimétiers Numéro 80 | septembre 2025

Travaux de manutention, port de charges lourdes, intervention à genoux ou les bras en l’air, activités répétitives : de nombreuses situations de travail peuvent provoquer des troubles musculo-squelettiques (TMS). Un couvreur qui pose des tuiles, un démolisseur utilisant un marteau-piqueur, un peintre qui intervient sur un plafond, peuvent en souffrir. Les TMS concernent aussi bien les mains, les coudes et les épaules que les genoux ou le dos et peuvent à long terme devenir invalidants.

 

Dans ce contexte, les exosquelettes peuvent sembler un outil idéal dans la mesure où ils sont réputés aider les compagnons à réaliser des gestes pénibles. Mais, dans la pratique, ces équipements s’avèrent parfois encombrants ou peu adaptés et se retrouvent, à l’usage, abandonnés sur les étagères alors qu’ils coûtent de 500 à 3 000 euros. Sont-ils vraiment utiles ?

 

C’est pour répondre à ces questionnements que Fabien Fourcade, aujourd’hui président de la commission nationale Santé et Sécurité de la FFB(1), a décidé en 2022 de mener une expérimentation dans la région Nouvelle-Aquitaine en partenariat avec la Carsat et l’OPPBTP. Durant cette étude financée par la Carsat qui a duré trois ans (2023-2025), quatre entreprises – peinture, charpente-couverture, construction-bois et métal – et, avec elles, une dizaine de salariés ont testé divers équipements.

 

Chez le couvreur, l’exosquelette s’est avéré très utile pour soulager les ouvriers lorsqu’ils posent des tuiles – une position qui met les genoux à l’épreuve. Mais il ne s’est pas révélé adapté pour les autres gestes professionnels. En outre, porter à la fois un harnais pour assurer sa sécurité et un exosquelette peut s’avérer inconfortable. Il faut aussi apprécier au cas par cas la facilité d’enfilage et de désenfilage. Les autres testeurs ont fait les mêmes constats : s’il est utile pour la réalisation d’un geste bien précis, l’exosquelette ne convient pas à toutes les tâches.

 

Il est donc essentiel de solliciter un ergonome en amont afin de faire le bon choix. Comme l’explique Virginie Larroudé, gérante de LMVT Conseil et consultante en ergonomie référencée en prévention des TMS par la Carsat Aquitaine, qui a participé à l’expérimentation, « les ergonomes identifient les contraintes physiques d’un poste de travail et explorent des solutions alternatives avant d’envisager le recours à un exosquelette. Leur analyse permet de définir un cahier des charges précis selon l’usage (membres supérieurs, jambes, dos) et le type d’exosquelette (actif ou passif), de le tester en conditions réelles et de s’assurer qu’il n’induit pas de nouvelles contraintes. Et ils sensibilisent les utilisateurs aux bonnes pratiques et aux limites du dispositif ».

 

Sans cette expertise, l’exosquelette risque d’être inadapté, mal utilisé ou inefficace.

  1. Fabien Fourcade était président de la commission Santé et Sécurité de la FFB Nouvelle-Aquitaine en 2022.

© Anoo / Adobe Stock

Voir le dossier complet : Exosquelette & bâtiment

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