C’est un constat partagé de tous côtés : le processus BIM (pour Building Information Modeling) ne s’est pas développé à grande échelle dans le secteur de la construction. Pourtant, cette méthode de gestion collaborative des projets, basée sur des modèles numériques 3D associés à des données fiables et structurées, permet à chaque acteur du bâtiment de gagner en efficacité globale. Pour démocratiser la construction numérique, la FFB et son Pôle Habitat ont alors lancé en 2022 un appel à projets baptisé : « BIM pour tous ».
L’objectif de cette démarche est de mettre en lumière, à partir d’opérations de promotion de taille standard, les apports concrets du BIM pour les entreprises ou comment passer du numérique théorique, considéré parfois comme un véritable casse-tête chinois, à des cas d’usages concrets et reproductibles. En effet, la démarche BIM n’est ni l’apanage des grands groupes, ni le domaine privilégié d’opérations complexes. Si elle porte des ambitions ciblées et mesurées, elle est accessible à tous. Ce qu’a déjà mis en évidence le démonstrateur « Olympi » du plan BIM 2022, une opération pilote d’une trentaine de logements collectifs située à Chartres (Eure-et-Loir) et traitée en lots séparés. Cette expérimentation a permis de produire, en phase d’appel d’offres, un dossier de consultation des entreprises (DCE) en BIM numérique. De façon pragmatique, cet outil qualitatif a contribué à mieux définir les besoins du maître d’ouvrage, avec pour corollaire une fiabilisation des offres des entreprises.
Mais la Fédération veut aller plus loin avec son appel à projets, car il s’agit ici de recourir au BIM tant lors de la phase DCE que lors de la phase chantier, en réunissant un maximum de parties prenantes, des maîtres d’ouvrage aux architectes en passant par les bureaux d’études, et bien sûr, les entreprises (voir la série de vidéos sur le BIM). Courant 2022, deux projets de logements collectifs ont été retenus, l’un dans le Val-de-Marne à Créteil, l’autre dans le Loiret à Orléans, tandis qu’un troisième et dernier projet est en attente de validation. Chacune de ces opérations bénéficie d’un « facilitateur BIM », dont l’intervention est financée par le Programme recherche et développement métier (PRDM) de la Fédération. À noter que le portage de l’opération repose sur le promoteur, qui propose un projet de construction et une équipe de maîtrise d’œuvre.
L’opération de trente-deux logements collectifs à Créteil est d’ores et déjà livrée, avec des premiers retours d’expériences positives et de nouvelles pratiques vertueuses. Ainsi, toute la phase de préparation numérique lors de la conception du projet a eu des effets bénéfiques directs sur l’exécution du chantier et le respect du planning. Par exemple, des descentes d’eaux pluviales et des garde-corps mal positionnés ont pu être détectés très en amont, ce qui a évité de coûteuses et chronophages reprises en phase travaux. À l’occasion des trois opérations de l’appel à projets, l’enjeu sera donc d’identifier les avancées, mais aussi les difficultés ainsi que les points de vigilance, afin de déterminer la méthode qui fonctionne pour des projets de taille moyenne.
En bref, il est important de mieux orienter les entreprises dans leur appropriation du BIM, qui ne doit pas se faire à marche forcée. Alors que la question de l’attractivité des métiers est une préoccupation majeure de la profession, la construction numérique, qui pourrait également trouver un second souffle à la faveur de l’intelligence artificielle, ouvre des horizons prometteurs qu’il convient d’accompagner.