Un groupe scolaire, fruit d'une coopération exemplaire entre quatre Scop

« Le fait de créer une SEP nous a permis de fonctionner comme une seule et même entreprise sur le chantier. Nous avons mutualisé nos forces en constituant des équipes mixtes, composées de salariés des trois entreprises », ajoute Patrick Rouaix, dirigeant de la Scop Couserans Construction.

Le bois local, au cœur d’une démarche responsable
L’un des piliers de ce projet collaboratif est l’engagement pour une construction responsable, notamment à travers l’utilisation de matériaux biosourcés issus de filières locales. Les bois utilisés sur le chantier proviennent donc exclusivement de filières labellisées « Bois des Pyrénées » ou « Bois de France », ce qui illustre l’engagement des Scop pour les circuits courts. Cette démarche s’inscrit dans la continuité de leur implication dans le réseau AMASSA Bois, un groupement de coopération de la filière bois en Occitanie, qu’elles ont contribué à créer en 2015 pour revaloriser les filières locales.
« S’engager dans une démarche de construction responsable n’est pas une option, c’est une nécessité. Utiliser du bois local, c’est non seulement réduire notre empreinte carbone, mais aussi soutenir l’économie de notre territoire. C’est une approche cohérente avec les valeurs d’ancrage territorial que défendent nos Scop », insiste Nicolas Delaunay. « L’objectif initial était d’atteindre 20-27 % de bois des Pyrénées au sein des bâtiments, mais nous avons presque atteint 40 % », se félicite Patrick Rouaix.
Un modèle de gouvernance partagée
Les Scop possèdent une gouvernance démocratique : l’entreprise appartient à ses salariés. Cette approche participative a guidé chaque étape du projet. Les décisions ont été prises collectivement, ce qui a permis d’impliquer l’ensemble des équipes dans la réussite du chantier. Pour assurer une bonne coordination, un livret d’accueil a été remis à tous les intervenants dès le démarrage du projet, notamment pour présenter les règles du « travailler ensemble ». Des réunions hebdomadaires ont permis d’évaluer l’avancement et de fixer les objectifs, tandis que des autocontrôles réguliers menés conjointement par les chefs de chantier et les compagnons ont garanti la qualité des travaux.
C’est également une Scop qui a joué le rôle d’assistant à maîtrise d’ouvrage. « Les Scop impliquées dans les travaux sont des entreprises de construction, tandis que nous sommes une entreprise de services et, à ce titre, nous avons accompagné la mairie en tant qu’AMO depuis l’expression de son besoin pour ce groupe scolaire. Notre accompagnement va se poursuivre jusqu’à deux ans après la réception des travaux pour que le retour d’expérience soit complet », explique Élian Latour, cogérant de la Scop Ecozimut. Labellisée « Bâtiment durable Occitanie » (BDO) niveau Or en phase conception, l’école Rosa-Bonheur atteint le niveau E3C1 de la réglementation thermique. « L’esprit collaboratif et participatif des Scop s’accorde parfaitement avec la démarche BDO, qui repose sur l’échange, la transparence et le partage d’expériences », souligne Élian Latour.
« Ce projet prouve que le modèle coopératif est parfaitement adapté aux défis de la construction durable. Il montre que des entreprises à taille humaine, ancrées dans leur territoire et portées par des valeurs de solidarité, peuvent réaliser des projets d’envergure avec une qualité exceptionnelle. C’est un signal fort pour l’avenir de notre secteur », conclut Nicolas Delaunay, gérant de la Scop L’Âge du bois.
La préfabrication, symbole d’une intelligence collective
La préfabrication a constitué un levier majeur dans la réussite de la construction de l’école Rosa-Bonheur. Les éléments structurels ont été majoritairement assemblés dans les ateliers de L’Âge du bois, situés à seulement quelques minutes du chantier. Cette proximité a favorisé une grande réactivité et une souplesse d’adaptation aux contraintes du projet, tout en réduisant l’empreinte carbone. La maquette numérique (BIM), développée en collaboration avec le bureau d’études EticBois, a servi de support à cette démarche collaborative, permettant à chaque intervenant de visualiser l’ensemble du projet et d’anticiper les difficultés techniques.
« La préfabrication en atelier a été un facteur clé de réussite, explique Nicolas Delaunay. Elle nous a permis de garantir une qualité constante tout en optimisant les délais. Nos équipes ont pu travailler dans des conditions idéales, ce qui a eu un impact direct sur la qualité de l’ouvrage final. C’est aussi une illustration concrète de notre capacité à mutualiser nos moyens et nos compétences. » La coordination entre les trois Scop du groupement associée à l’expertise du bureau d’études EticBois a donc permis d’obtenir une parfaite adéquation entre conception et réalisation. L’utilisation de deux grues d’envergure pour le levage des structures, complétées par des nacelles télescopiques, a également permis une progression efficace des travaux tout en maintenant des standards élevés de sécurité.