Basilique Saint-Denis : une trentaine de tailleurs de pierre mobilisés pour rebâtir la flèche

Monument fondateur de l’architecture gothique et nécropole royale, la basilique Saint-Denis en région parisienne va bientôt recouvrer la tour nord et la flèche de sa façade, disparues il y a presque deux siècles. Une opportunité exceptionnelle pour les tailleurs de pierre de déployer, mais également de transmettre, leurs savoir-faire ancestraux grâce à un chantier-école ouvert au public.
13:5016/09/2025
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Bâtimétiers Numéro 80 | septembre 2025

Après la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, la reconstruction de la tour nord de la basilique Saint-Denis, et de la flèche médiévale la surmontant, s’impose comme le plus grand chantier patrimonial des années à venir. « Le 14 mars 2025 a eu lieu la pose de la première pierre sur les 15 228 qui seront nécessaires à la reconstruction, à l’identique, de la tour et de la flèche dionysiennes, déposées en 1847 après une tornade.

 

Un chantier hors norme qui doit durer cinq ans et réunir près de 140 bâtisseurs d’antan, en particulier les tailleurs de pierre et les forgerons », explique Nicolas Matyjasik, directeur général de l’association Suivez la flèche, porteuse du projet. En effet, maintenant que des fouilles préventives et des travaux de consolidation en sous-œuvre ont été effectués, il s’agit de redonner corps à la tour, et à sa flèche s’érigeant à plus de 90 m de hauteur.

 

« Des planches illustrées, enrichies de notes techniques, font de ces éléments architecturaux des édifices particulièrement bien renseignés. Une aide précieuse pour les bâtisseurs chargés de la reconstruction », souligne Nicolas Matyjasik. En outre, plusieurs centaines de pierres d’origine, dont certaines sont restées entreposées dans le jardin de la basilique, servent de gabarits aux tailleurs de pierre. Devenues inutilisables, elles fournissent toutefois des informations sur la nature de la roche, le martelage ou les outils utilisés.

 

Une partie des quelque 15 000 pierres provenant de la carrière de Saint-Maximin, dans l’Oise, seront taillées à la main, directement sur le chantier. « Connue pour avoir concouru à la construction de Paris, la pierre de Saint-Maximin est issue de blocs de calcaire datant de plus de 40 millions d’années », s’enthousiasme Nicolas Matyjasik.

 

Un trésor pour la trentaine de tailleurs de pierre œuvrant sur le site de la basilique, et désireux de mettre en lumière la richesse de leur métier en vue notamment de susciter des vocations auprès des jeunes. Certains sont d’ailleurs titulaires du brevet professionnel « Tailleur de pierre/appareilleur monuments historiques », un diplôme de référence reconnu par la profession. Car contrairement au chantier de Notre-Dame de Paris, les travaux sont, ici, ouverts au public. En effet, les visiteurs de la nécropole royale pourront également visiter le chantier, ainsi que la loge des tailleurs de pierre installée au pied de la basilique.

 

Des apprentis, filles et garçons, seront aussi formés pendant la durée des travaux aux processus de taille, propres aux monuments anciens. Ce chantier ne peut donc se résumer à restituer la silhouette bicéphale de la basilique, il participe plus encore à la valorisation et à la préservation des métiers du patrimoine bâti.

 

Un brevet professionnel actualisé pour les tailleurs de pierre

 

En France, il existe de nombreuses formations permettant de devenir tailleur de pierre. Mais le graal en la matière, le diplôme le plus élevé, demeure le brevet professionnel « Tailleur de pierre/appareilleur monuments historiques », récemment révisé. Une évolution à laquelle a contribué le Groupement des entreprises de restauration de monuments historiques (GMH-FFB), qui accompagne depuis ses débuts cette formation diplômante de niveau 4.

 

Ce brevet, créé en 1947 et délivré depuis par le CFA Saint-Lambert à Paris, devient dorénavant national, et la formation peut donc être dispensée dans tout établissement du territoire français. Il se prépare toujours en deux ans et en alternance, via un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation. Les entreprises du GMH-FFB sont nombreuses à accueillir chaque année ces apprentis, dont le taux d’insertion professionnelle est important avec, à la clé, la possibilité de travailler sur des chantiers prestigieux, comme celui de la cathédrale Notre-Dame de Paris, celui de la basilique Saint-Denis ou encore le projet médiéval de Guyenne, près de Bordeaux.

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