Selon une étude réalisée en 2024 par l’agence OnePoll pour BauWatch, une société spécialisée dans le domaine de la sécurité, les vols d’engins de chantier ont grimpé de 13 % chaque année depuis 2022. Malheureusement, les engins ne sont pas les seuls visés par ces actes délictueux. Le cuivre, les câbles et les petits outils électriques sont aussi des cibles souvent convoitées. Et tous les chantiers sont concernés, quelles que soient leur taille et leur localisation, les régions Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, PACA et Grand-Est se révélant cependant les plus exposées.
Si le détournement de gros matériel roulant, tels que les tractopelles ou les bulldozers, est généralement le fait de filières organisées, la plupart des larcins sont commis par des voleurs opportunistes, à l’affût de petits outillages ou de matériels électroportatifs, facilement revendables ensuite. Sans compter que des complicités internes peuvent exister sur les chantiers.
Au-delà de l’impact financier immédiat lié au remplacement du matériel ou des matériaux de construction, il y a aussi des coûts cachés, tout aussi préjudiciables pour les entreprises : désorganisation et retards de chantier, dégradations liées au vol (en particulier en cas d’équipements techniques déjà posés), complexification des rapports avec le maître d’ouvrage qui se retranche derrière l’article 1788 du Code civil selon lequel l’entreprise est responsable des pertes durant la période des travaux, tensions entre les entreprises, surcoût de l’assurance… Plus grave encore, les vols sont susceptibles de provoquer pour certaines entreprises, déjà fragilisées par le contexte économique actuel, des faillites.
Étonnamment, les entreprises n’ont pas toujours le réflexe de porter plainte auprès de la gendarmerie ou du commissariat le plus proche des lieux du vol, ni même de déclarer ce dernier à leur assureur. Pourtant, cette démarche est utile, d’autant que la FFB s’est rapprochée du ministère de l’Intérieur et de sa nouvelle Direction des entreprises et partenariats de sécurité et des armes (DEPSA), pour que les vols et les actes de vandalisme sur les chantiers soient mieux pris en compte par les forces de l’ordre. Un système de plainte en ligne dédiée aux entreprises est même en place depuis fin 2024. De plus, la FFB est partie prenante d’une commission récemment créée, baptisée « Halte aux vols ».
Rassemblant les acteurs du secteur ainsi que la Direction nationale de la police judiciaire et le pôle judiciaire de la Gendarmerie nationale, cette instance travaille à ce que les chantiers soient surveillés de près. En attendant les travaux de cette commission, la Fédération met à disposition de ses adhérents le dispositif « Ras le vol », un outil gratuit d’évaluation des risques associés à un chantier et à un site donnés.
Des conseils de prévention et de protection sont également proposés, comme prendre contact avec un référent sûreté, c’est-à-dire un policier ou un gendarme, avant le démarrage du chantier pour qu’il établisse des actions sur mesure dont la liste est à disposition sur le site FFB et auprès des fédérations départementales. Éviter les livraisons de matériaux la veille d’un week-end, ôter les batteries des engins de chantier, installer de la vidéosurveillance et des systèmes de géolocalisation sur les machines font, en outre, partie des bonnes pratiques à adopter.
À l’échelon local, des conventions sont signées entre les fédérations locales, la préfecture, la Police nationale et la Gendarmerie nationale pour lutter efficacement contre les vols sur les chantiers. Des solutions existent et la FFB est résolument déterminée à ce que les entreprises ne soient plus victimes mais leaders.
