Les aspirations des jeunes à l'horizon 2035-2040

À quoi ressemblera le bâtiment en 2035-2040 ? Quels seront les enjeux et besoins du secteur ? Et les attentes des jeunes générations sur le marché du travail ? Pour le savoir, le CCCA-BTP a conduit une étude inédite qui présente quatre visions d’avenir. L’objectif : aider les entreprises à relever les défis dans un contexte de fortes mutations.
9:5209/12/2025
Rédigé par
revue
Retrouvez ce dossier dans notre revue Bâtimétiers
Bâtimétiers Numéro 81 | Décembre 2025

« Bâtir l’avenir » : c’est le nom de l’étude d’ampleur qu’a menée le CCCA-BTP dans le but de mieux cerner les futures attentes des jeunes générations et de les croiser avec les possibles évolutions du BTP. Elle a été conduite par un groupe pluridisciplinaire, constitué de professionnels du BTP, de la formation professionnelle et des sciences sociales, avec l’appui méthodologique du centre de réflexion et d’études prospectives Futuribles qui a aidé à structurer la démarche.

 

Méthodologie robuste

 

Durant plus d’un an, le groupe de travail réuni en ateliers a élaboré quatre scénarios d’évolution de la jeunesse au travail dans le secteur du bâtiment à l'horizon 2035-2040, à partir de données d’études et de rencontres de terrain (interviews d’experts et d’élèves de collège notamment).

 

À noter que ces modèles ont été bâtis en intégrant deux grandes tendances de fond pour le bâtiment : des tensions croissantes sur le marché de l’emploi, inhérentes aux départs massifs en retraite et aux difficultés à attirer une main-d’œuvre suffisante ; et en parallèle, des métiers qui évoluent de la construction vers la rénovation, susceptibles d’ouvrir des opportunités mais aussi, par ricochet, d’aggraver ces mêmes tensions.

Les jeunes et les SCOP, en première ligne face à l’enjeu écologique

 

Selon le baromètre du CCCA-BTP sur l’apprentissage, les jeunes ont une conscience environnementale forte : 80 % des apprentis du BTP estiment en effet que c’est à leur génération de porter le sujet dans les entreprises.

 

Dans ce contexte, les entreprises coopératives du BTP (SCOP) apparaissent bien placées en raison de leurs pratiques vertes largement répandues : elles sont 100 % à mettre en place une gestion systématique des déchets ; 97,5 % à inciter leurs salariés à réduire le gaspillage ; 85 % à limiter les pollutions de l’eau, de l’air et des sols ; 64 % à réduire les nuisances sonores ; et 60 % à préserver la biodiversité autour des chantiers. Enfin, 36 % d’entre elles utilisent des matériaux bas carbone ou biosourcés, un taux de 8 points au-dessus de la moyenne du secteur. 


Source : Baromètre du CCCA–BTP - L’apprentissage dans le BTP par ceux qui le vivent. L’avis des apprentis et des entreprises coopératives du BTP (édition 2025).


Quatre futurs possibles

 

Le premier scénario, dit « tendanciel », projette le secteur du bâtiment perçu comme exigeant et peu compatible avec les aspirations de jeunes, malgré des réglementations plus protectrices et des efforts réels pour moderniser son image et valoriser ses métiers. Avec, pour effet, une difficulté à attirer les jeunes générations et donc à relever les défis dans un contexte où les normes complexifient la gestion des entreprises.

 

Le deuxième scénario, plus disruptif, dessine des dynamiques contradictoires, avec d’un côté une jeunesse qui serait attirée par la qualité des projets, les innovations technologiques et les opportunités de carrière et, de l’autre, une précarisation croissante fragilisant les moins qualifiés. Celle-ci résulterait notamment d’assouplissements réglementaires (par exemple sur les heures supplémentaires) destinés à renforcer la flexibilité et la productivité des entreprises dans un contexte concurrentiel exacerbé.

 

Le troisième scénario imagine un secteur du bâtiment vecteur de grande attractivité, en raison des enjeux écologiques forts qu’il porte et qui font écho aux aspirations des jeunes. À la clé de cet impact positif, une diversité d’opportunités professionnelles qui séduit de nouveaux profils (femmes, entrepreneurs, salariés en reconversion) et s’accompagne de conditions de travail améliorées via l’innovation technologique, et de carrières plus dynamiques.

 

Le quatrième scénario table sur « une guerre des talents ». Dans ce cas de figure, le secteur du bâtiment deviendrait un terrain de concurrence intense dans lequel les jeunes seraient en position de force et pourraient négocier leurs conditions de travail et perspectives d’évolution, en choisissant des métiers alignés avec leurs valeurs.

© LUCKYALEX / ADOBE STOCK
Les principaux points de l’étude à retenir

 

En 2035-2040, en raison du vieillissement de la population active, les jeunes générations seront en position de force sur le marché du travail. La concurrence de main-d’œuvre entre les entreprises du bâtiment va donc s’amplifier. Pour s’informer, les jeunes combineront plusieurs canaux, avec en première ligne les réseaux sociaux, ce qui obligera les entreprises à investir ce champ, mais aussi à privilégier des approches différentes, plus immersives pour faire la différence.

 

Et si les attentes des jeunes restent axées sur le salaire et la stabilité professionnelle, elles pourraient évoluer vers des exigences plus qualitatives (télétravail, meilleur équilibre de vie). Dans ce contexte, les acteurs du BTP auront un rôle clé à jouer pour développer l’attractivité de leurs métiers auprès des jeunes et mieux répondre à leurs attentes. Avec, en toile de fond, des inégalités qui pourraient s’accroître entre les entreprises (selon leur taille, localisation…).


Préparer demain

 

L’étude est destinée à être un outil de travail et à nourrir les discussions. Elle est présentée, depuis le mois d’octobre, dans divers ateliers animés dans les territoires. Avec une finalité : que l’ensemble des acteurs du bâtiment s’emparent collectivement de cette question centrale et apportent leur contribution. D’ores et déjà, le groupe de travail du CCCA-BTP a ébauché des premières pistes d’action autour de quatre enjeux majeurs :

 

  1. l’attractivité du secteur et de la communication (par exemple, en renforçant la visibilité sur les métiers) ;
  2. la formation et la transmission des compétences (par exemple, en établissant des partenariats et en mutualisant les ressources) ;
  3. les conditions de travail et relations entreprises-salariés (par exemple, en facilitant l’équilibre vie privée-vie professionnelle) ;
  4. l’inclusion et la diversité (par exemple, en mettant en place des programmes spécifiques de sensibilisation).

 

Ces réflexions ont vocation à être enrichies au fil des ateliers.

 

Lien vers l’étude : https://www.ccca-btp.fr/fr/nos-rapports-detudes
Contact pour les ateliers : Maryse Degouge, [email protected]

Chiffres-clés

 

D’ici 2030, 478 000 salariés du BTP devraient quitter le marché du travail. 
Le déficit de main-d’œuvre sera estimé à 245 000 personnes en 2030. 

Source : SGPE.


A découvrir

Pour contacter facilement votre fédération et accéder aux prochaines réunions
Vous n'êtes pas adhérent et vous cherchez une information ?